Régionales 2015 : après les attentats, la stratégie d'équilibriste du FN

Onze jours après les attaques terroristes de Paris, le Front national alterne entre participation à l'"union nationale" et critique du gouvernement.

Source AFP

Marine Le Pen et Marion Maréchal-Le Pen, photo d'illustration.
Marine Le Pen et Marion Maréchal-Le Pen, photo d'illustration. © ANNE-CHRISTINE POUJOULAT

Temps de lecture : 3 min

Le FN fait preuve d'équilibrisme depuis les attentats, avec, d'un côté, de premières déclarations mesurées de Marine Le Pen, de l'autre, de nouvelles propositions régaliennes plus dures pour se démarquer, agrémentées de saillies des lieutenants. Samedi 14, Marine Le Pen a pesé au trébuchet sa première réaction : la présidente du FN a appelé le pays à être "uni", lors d'une conférence de presse à la tonalité volontairement présidentielle, tout en affirmant que ni la France ni les Français n'étaient "en sécurité".

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Un message plus rassembleur qu'en janvier, où l'eurodéputée avait demandé cinq heures après l'attaque contre Charlie Hebdo une "parole libérée" sur le "fondamentalisme islamique". Le FN et Mme Le Pen avaient aussi été absents de la grande marche du 11 janvier. En ce mois de novembre, Marine Le Pen a été d'abord plus tempérée sur la forme : elle a rencontré le dimanche 15 François Hollande et Manuel Valls à l'Élysée, où elle a validé "l'union nationale", et a annoncé sa présence à l'hommage national aux victimes aux Invalides, vendredi 27.

"Honte" du gouvernement

Mais, dès le lundi, elle a réenfilé son costume d'opposante, demandant "l'arrêt immédiat" de l'accueil des migrants. Le lendemain, elle a regretté que le gouvernement n'ait pas démissionné et, le mercredi, elle a vilipendé un exécutif répondant aux attentats par de la "communication". Jeudi, surtout, elle a avalisé la proposition formulée par Florian Philippot d'expulser tous les demandeurs d'asile actuellement présents en France : une fin, au moins temporaire, de la politique de l'asile. Et une nouveauté, dans les mesures souhaitées par le parti d'extrême droite, qui jusque-là demandait une application "extrêmement stricte" de ce droit.

Les lieutenants de Marine Le Pen n'ont pas eu sa patience : dès le soir des attentats, Louis Aliot a qualifié Manuel Valls d'"irresponsable", Nicolas Bay a dit sa "honte" du gouvernement, dans un tweet retiré depuis, et Gilbert Collard a relayé samedi un appel à la démission de l'exécutif. Les chefs de file du parti aux régionales ont accru ensuite leurs critiques : dans un entretien au quotidien catholique d'extrême droite Présent samedi dernier, Marion Maréchal-Le Pen, qui mène le FN en Paca, a estimé que les musulmans "ne pouvaient avoir exactement le même rang que la religion catholique" en France.

Marine Le Pen devant Xavier Bertrand

Le même jour, Wallerand de Saint-Just, chef de file en Ile-de-France, a carrément dénoncé la "responsabilité morale, politique, considérable" de ses adversaires socialiste, Claude Bartolone, et écologiste, Emmanuelle Cosse, "plus importante que celle des assassins" d'après lui. Le parti Les Républicains a eu beau insister sur l'opposition du FN à la loi sur le renseignement votée cet été en France et à l'établissement d'un fichier européen des passagers aériens (PNR), les enquêtes d'opinion post-attentats donnent le parti de Marine Le Pen plutôt bénéficiaire de la situation.

S'il est stable en Auvergne-Rhône-Alpes, le FN progresse dans les autres régions ayant fait l'objet d'un sondage, en Ile-de-France, en Paca où les trois points gagnés par Marion Maréchal-Le Pen la placent gagnante face à Christian Estrosi, alors qu'en Nord-Pas-de-Calais-Picardie Marine Le Pen consolide son avantage sur Xavier Bertrand. Des baromètres qui semblent valider la stratégie du FN depuis les attentats : du côté du gouvernement, ils saluent l'adoption de certaines mesures présentées par Marine Le Pen comme "un hommage" au programme de son parti, tout en regrettant qu'elles soient venues "trop tard".

Du côté de la droite, ils renvoient Les Républicains à leurs réductions d'effectifs sous la présidence Sarkozy et à un supposé décalage entre paroles martiales et actes limités avant 2012. Les attentats vont-ils profiter au FN lors des régionales ? "La gauche et nous pouvons être bénéficiaires", résume un dirigeant : "Ils ont fait des annonces et nous, nos solutions sont validées. La droite, elle, est en étau." C'est ce que confirme auprès de Libération Jérôme Fourquet, directeur du département opinion à l'Ifop : "Les annonces de l'exécutif sont en phase avec l'état de l'opinion" tandis que la droite a été "très fébrile et virulente à l'égard du gouvernement".

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Commentaires (21)

  • yen a marre

    Votre Anti-Républicanisme vous aveugle, le FN ne peut pas mettre le pays sur la paille, puisqu'il y a belle lurette que la droite et la gauche l'ont déjà mis, faire plus mal est impossible

  • girondins

    A lire tous ces commentaires! Et avis autorisés de notre presse bien pensante, j'ai l'impression que l'on nous cache quelque chose. A savoir un cataclysme ou un raz de marée FN aux régionales. Mon petit doigt me l'a dit...
    Les nantis de la politique en tremblent' (c'est super bien payé et on peut embaucher ses "copains").
    Alors rdv pour les résultats...

  • onréfléchit

    Ce que le FN proposait n'a plus aucun intérêt. Il est prouvé qu'en matière économique c'était absurde et Marine fait machine arrière sur presque tout. Sur l'immigration c'est tellement immoral que le monde entier commence à se demander si la France est encore la France ou un vieux pays peureux et replié sur lui même. Sur la sécurité Sarkozy puis Hollande ont démontré qu'ils savaient prendre les mesures nécessaires en temps voulu et dans le respect de nos valeurs républicaines. Alors que reste-t-il ? Rien, sauf l'ambition de quelques personnes dont nous assistons déjà aux disputes : la vieille garde de Jean-Marie, les potes de Philippot, les jeunes loups qui se font les dents autour de Marion et Marine qui court après tous en essayant de jouer à la cheftaine qui fait les gros à son papa, à son copain et à sa nièce.