Emmanuelle Cosse (EELV) : «J'ai voté pour Hollande, pas pour son couple»

La nouvelle patronne des écologistes, prend acte du «nouvel habit» du président de la République, mais ne cache pas ses «inquiétudes».

Emmanuelle Cosse  (EELV) : «J'ai voté pour Hollande, pas pour son couple»

    Emmanuelle Cosse, 39 ans, vice-présidente de la région Ile-de-France chargée du logement, est depuis deux mois secrétaire nationale d'Europe Ecologie - les Verts (EELV).

    Qu'avez-vous pensé du virage social-démocrate de Hollande?

    EMMANUELLE COSSE. On a vu un président dans un nouvel habit, avec des choix affirmés, un objectif lié à l'emploi. Mais il reste beaucoup à éclaircir. Sur les cotisations familiales, nous pouvons comprendre le choix de ne plus les asseoir sur les entreprises. Mais comment sera financée la branche famille? Va-t-on faire la réforme fiscale qu'on attend, avancer sur la fusion impôt sur le revenu-CSG et étendre la CSG aux revenus du capital? Je ne veux ni donner un satisfecit ni hurler avec les loups : François Hollande vient de donner des objectifs, reste à savoir précisément quels chemins il va prendre pour les réaliser. Sur les 50 Mdsâ?¬ d'économie, nous sommes inquiets. L'austérité est un échec partout. Mais s'il s'agit de supprimer les dépenses inutiles et les niches fiscales anti-écologiques, on peut faire d'une pierre deux coups : des économies et la transition écologique!

    Fait-il trop de cadeaux aux chefs d'entreprise?

    Il y a eu un précédent, c'est le CICE (crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi). Le président et le gouvernement avaient refusé qu'il y ait des contreparties sociales et environnementales. Là, il nous dit qu'il y aura des contreparties. Enfin! Mais nous n'allons pas nous contenter d'un observatoire. Nous voulons savoir quelle est leur teneur, comment elles seront évaluées et quel est le calendrier fixé aux entreprises. C'est pourquoi nous avons des inquiétudes et restons prudents.

    Qu'attendez-vous?

    Il va falloir fixer des priorités. S'il s'agit d'augmenter la fabrication de véhicules diesels, je ne vois pas l'intérêt. Les contreparties doivent porter sur la durabilité des emplois, les conditions de travail et sur la nature des productions soutenues. Le gouvernement va-t-il choisir d'investir pour soutenir les filières d'avenir ?

    Approuvez-vous la diminution annoncée du nombre de régions?

    Oui, en conservant une place aux identités culturelles fortes pour des régions comme le Pays basque ou la Savoie. Car nous voulons une organisation plus efficace et plus lisible. Quant aux départements, nous sommes depuis longtemps favorables à leur suppression au profit de régions aux compétences renforcées et d'une intercommunalité aboutie.

    Avec ce chantier de long terme, Hollande ne montre-t-il pas qu'il pense clairement à 2017?

    Nous sommes beaucoup à avoir eu l'impression qu'il était candidat mardi dernier !

    Les révélations de « Closer » ont relancé le débat sur le rôle de la première dame. Pensez-vous qu'il faille créer un statut ou plutôt supprimer cette notion?

    Je suis plutôt pour la suppression du statut de première dame ou de premier homme. Il n'y a pas de légitimité politique à ce poste, donc allons au bout. Pourquoi les conjoints auraient-ils des conseillers ou pourquoi Carla Bruni avait-elle un site Internet ? Sur le reste, cette histoire pour moi n'est pas un sujet.

    Cela n'affecte pas l'image du président?

    Je ne le pense pas. Mais la focalisation des médias sur cette question, totalement futile, appauvrit le débat.

    Cette affaire ne dit rien de lui?

    Cela dit peut-être quelque chose de l'homme, mais rien du président. Au second tour de la présidentielle, j'ai voté Hollande, pas pour son couple, sa compagne, ou son histoire familialeâ?¦ Si un président veut donner un rôle politique à sa compagne, qu'il la recrute dans son cabinet. Ce sera plus transparent.

    François Hollande a évoqué un débat sur la fin de vie. Vous y êtes favorable?

    Oui. Nous sommes pour une légalisation du suicide assisté et une autorisation de l'euthanasie. Hollande a dit qu'il fallait trouver un accord large autour de cette question. Il faut essayer mais, en tout état de cause, il devra y avoir une loi après ce débat. Ce que permet la loi Leonetti revient parfois à laisser mourir les gens de faim et de soif. C'est atroce. Il faut sortir de ces hypocrisies et avancer sur cette question bien plus humaniste que religieuse, même si je respecte les convictions de chacun.

    Vous avez été élue à la tête d'un parti écologiste divisé. Comment abordez-vous ces municipales?

    Le parti est en forme ! On a eu des débats vifs, on a toujours des gens qui aiment tirer contre leur propre formation, mais nous sommes en ordre de marche pour les municipales. Nos objectifs sont clairs : montrer l'écologie en action, ce qu'elle apporte en matière de logement, de transport, d'aménagementâ?¦ et augmenter notre nombre d'élus. On espère gagner des villes.

    Les européennes seront plus compliquéesâ?¦

    Je suis sereine sans être naïve. Notre objectif est de sortir d'un rapport de force défavorable issu des résultats de 2012. Je ne dis pas que nous réussirons l'exploit de 2009. Mais je sais que notre campagne sera très offensive.

    Dany Cohn-Bendit a quitté votre parti, mais espérez-vous un coup de pouce de sa part?

    Il sera présent dans la campagne. Même s'il n'a plus sa carte, Dany fait partie de la famille. On a besoin de lui.

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