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COP21 : pourquoi la finance se détourne du charbon

•Les banques et les assurances ont pris conscience qu'il existait un risque financier à financer le charbon.•Le financement des énergies renouvelables représente une opportunité considérable.

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Par Laurent Thévenin, Véronique Chocron

Publié le 25 nov. 2015 à 01:01

A quelques jours de l'ouverture de la COP21, les grandes banques françaises ont toutes affiché leurs engagements pour réduire drastiquement leurs nouveaux financements dans les secteurs de l'énergie et des mines. Crédit Agricole, Natixis, Société Générale et BNP Paribas ne vont plus financer - ou beaucoup moins - les centrales électriques au charbon et les mines de charbon.

Les banques ont décidé d'accompagner la transition vers des économies « décarbonées » en grande partie par pragmatisme. « Nous changeons de paradigme car nos grands clients changent : ils anticipent l'instauration d'une taxe carbone - un prix donné au carbone - et sortent de cette énergie fossile. Les banques ne font qu'accompagner leurs clients. Cela se traduit dans la vie des affaires depuis un an, mais l'accélération est forte, car l'urgence de limiter le réchauffement climatique à 2 degrés s'est amplifiée », souligne Laurence Pessez, déléguée à la responsabilité sociale et environnementale chez BNP Paribas.

Opportunité économique

Prix du carbone et objectifs internationaux d'abaisser à terme la part du charbon dans la production d'électricité mondiale vont de fait orienter de manière très concrète les investissements. « Les banques prennent conscience qu'il existe, outre un risque environnemental, un risque financier à financer le charbon. Chaque pays va prendre des engagements à limiter ses émissions de CO2, or nos contreparties sont des actifs de très longue durée. Une centrale à charbon, par exemple, s'amortit sur quarante ans. Le risque, si elle ne tourne plus avant ce terme, est qu'elle n'ait plus de valeur », poursuit Laurence Pessez.

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Les banques voient aussi dans la lutte contre le changement climatique « une opportunité économique ». Le montant investi en France en faveur du climat a atteint 36 milliards d'euros en 2013, et les besoins d'investissement dans le monde s'annoncent colossaux pour financer la transition énergétique. « C'est un transfert dont nous sortirons gagnants », note un banquier. Enfin, les banques se mobilisent dans une moindre mesure sous la pression de leurs clients particuliers, à qui elles ont par exemple distribué près de 300.000 éco-prêts à taux zéro depuis 2009 - un dispositif que Bercy veut prolonger jusqu'en 2018.

Pourtant, le ministre des Finances, Michel Sapin, a estimé mardi, lors d'un colloque organisé par la Fédération bancaire française, qu'il fallait « aller encore plus loin », appelant au sein du monde bancaire à des « convergences d'initiatives comme cela existe chez les investisseurs institutionnels ou les assureurs, avec par exemple la "coalition de décarbonation des portefeuilles" ». Le groupe de protection sociale Humanis a indiqué mardi avoir rejoint cette initiative mondiale.

L'annonce au printemps d'AXA de désinvestir des entreprises dont la majeure partie de l'activité est liée au charbon a fait école. Mardi, son concurrent allemand Allianz a indiqué qu'il allait faire de même, pour contribuer à la lutte contre le réchauffement climatique, mais aussi en raison du « risque économique ». CNP Assurances va lui aussi limiter ses investissements dans le charbon et entend en outre réduire de 20 % son empreinte carbone à horizon 2020 sur le portefeuille actions en direct. Le groupe veut aussi doubler l'encours de ses investissements verts d'ici à fin 2017, à 1,6 milliard d'euros. « Nous sommes convaincus que ces nouveaux engagements profitent aux assurés et sécurisent la rentabilité de leurs investissements sur le long terme », affirme Frédéric Lavenir, son directeur général.

Véronique Chocron Laurent Thévenin

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