POLITIQUE - Les succès électoraux passés et à venir du Front national de Marine Le Pen sont une source d'inspiration par delà l'Atlantique. Dans la province de Québec, un ancien candidat indépendant aux élections fédérales canadiennes ambitionne d'implanter un parti directement inspiré du FN français afin, dit-il, de défendre les Québécois "de souche".
"Ça fait longtemps que je regarde ce qui se passe en France et j’ai voulu comparer la faune politique. Je ne suis rendu compte que personne ici ne représente les 'de souche'. Les Français sont mieux défendus que nous autres", estime Ugo Ménard cité par nos confrères du Huffington Post Québec.
Ce dernier a déposé auprès du Directeur général des élections du Québec le nom de "Front national du Québec" jusqu’au 28 décembre en espérant surfer sur la vitalité de son modèle hexagonal.
Une initiative qui avait visiblement échappé à la direction du Front national. Contacté ce mercredi par Le HuffPost, son vice-président Florian Philippot ne connaissait pas l'existence d'Ugo Ménard. "Nous n'avons aucune relation avec ce groupe. Pour le reste, aux Québécois de décider de leur avenir", assure-t-il.
Femmes à la maison, Bloc Identitaire et antisémitisme
Une prise de distance de bon aloi. Car le représentant autoproclamé du "FNQ", ancien militant du Parti Québécois (indépendantiste), assume un programme souvent beaucoup plus radical que le Front national de Marine Le Pen.
Sur sa page Facebook, le Front national du Québec préconise certes le "rejet de l'immigration massive" à l'image du FN français. Mais Ugo Ménard n'hésite pas à prôner le retour des "femmes à la maison", admet avor participé à une manifestation organisée par la frange québecoise du parti islamophobe Pegida et reprend les éléments de langage des Identitaires française sur la théorie du grand remplacement.
Parmi les idées qu’il met en avant, Ugo Ménard propose d'inciter les femmes québecoise "pure laine" à repeupler le Québec en leur donnant une importante somme d'argent (100.000$ canadiens pour la naissance d’un troisième enfant, soit un peu plus de 70.000 euros...). "J’aimerais changer l’image de la femme à la maison. Ce n’est pas dégueulasse, avoir des enfants en 2015", assure-t-il.
Son profil Facebook personnel fourmille quant à lui de références au Bloc Identitaire français, mouvance d'extrême droite radicale, et flirte allègrement avec le racisme, l'islamohobie et l'antisémitisme.
"Nous nous effaçons pour faire place à une nouvelle nation. C’est inacceptable. Il n’y a pas si longtemps, je me sentais chez nous à Saint-Hyacinthe. Là, il y a même une mosquée à Saint-Hyacinthe", assure Ugo Ménard.
Le FN et le souverainisme québecois
Des dérapages qui, si le FNQ devait prendre de l'ampleur, pourrait conduire son modèle français à se désolidariser beaucoup plus franchement. Reste que le parti de Marine Le Pen s'intéresse de près à la mouvance souverainiste canadienne. En septembre dernier, Florian Philippot avait apporté son soutien dans un entretien accordé à Radio Canada à un candidat du Bloc québecois (indépendantiste), contraint de se retirer après avoir partagé une vidéo de Marine Le Pen accompagnée d'un message flatteur.
"Nous trouvons évidemment très injuste l'exclusion de ce candidat, qui a relayé un discours de Marine Le Pen, qui est aujourd'hui l'une des principales personnalités politiques de France", s'était indigné le vice-président du FN en reconnaissant des "prises de contact" croissantes avec des souverainistes québecois.
S'agissant du Front national du Québec comme du Bloc Québecois, la ligne reste néanmoins la même: "J'apporte mon soutien à la cause souverainiste, [mais] c'est aux Québécois et aux Canadiens de régler leurs affaires souverainement", plaide Florian Philippot.