Le Premier ministre Manuel Valls, le 25 novembre 2015 à l'Assemblée nationale à Paris

Le Premier ministre Manuel Valls, le 25 novembre 2015 à l'Assemblée nationale à Paris

afp.com/JACQUES DEMARTHON

"Aucune excuse sociale, sociologique et culturelle" ne doit être cherchée pour les auteurs des attaques sanglantes, a lancé le Premier ministre lors de la séance des questions au gouvernement mercredi, sous les applaudissements venus des bancs de droite comme de gauche.

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"Dans notre pays, rien ne justifie qu'on prenne des armes et qu'on s'en prenne à ses propres compatriotes", a-t-il plaidé, en réponse au député Les Républicains Jérôme Chartier, qui venait d'exprimer sa "rage" contre "celles et ceux qui cherchent des excuses aux terroristes".

Depuis les attentats, l'exécutif prend soin de concentrer au maximum le débat sur la réponse sécuritaire, la responsabilité de l'islamisme radical, voire sur la crise des réfugiés. Et d'éviter de mettre dans le pied dans ce qui pourrait être assimilé à "une culture de l'excuse" que la droite et le Front national prêtent régulièrement à la gauche.

Le président François Hollande a porté un discours martial dès les premières heures après les attaques et emprunté des propositions marquées à droite voire au FN.

Devant les députés la semaine dernière, Manuel Valls a ainsi désigné l'islamisme radical comme "ennemi", de même que le salafisme, branche fondamentaliste de l'islam accusé d'être le marchepied vers le jihadisme.

Et quand on lui a demandé, mardi soir sur Canal+, comment il expliquait les attentats, le chef du gouvernement a spontanément lancé un appel à "l'islam" à se mettre "debout" pour "couper toute complaisance" envers le jihadisme et le terrorisme.

"Tout cela n'a rien à voir avec l'islam, mais comme c'est né au sein de l'islam aussi, il faut couper cette branche", a-t-il plaidé.

Autre déclaration tenant de la ligne dure, faite devant des journalistes européens mardi à Matignon: "L'Europe doit dire qu'elle ne peut plus accueillir autant de migrants, ce n'est pas possible".

Est-il trop tôt, moins de deux semaines après les pires attentats commis en France' Seul Emmanuel Macron s'est timidement risqué à évoquer des conséquences sociales ou économiques, en affirmant samedi que la société française devait assumer une "part de responsabilité" dans le "terreau" sur lequel le jihadisme a pu prospérer dans l'Hexagone.

- pas de "faille", selon l'exécutif -

La déclaration du ministre de l'Economie n'a pas déclenché de controverse, mais a tout de même été fustigée par Pierre Lellouche (Les Républicains), refusant toute "autoflagellation" en citant... la formule de l'apartheid employée par Manuel Valls.

"Dire que c'est de notre faute et faire de l'autoflagellation, le logiciel de Manuel Valls disant +C'est de l'apartheid ethnique et territorial+, je cite, c'est un peu court pour expliquer ce qui se passe", a déploré le député de Paris.

Ce durcissement du discours de l'exécutif s'observe aussi sur la question d'une éventuelle "faille" des services de renseignement.

Alors que Manuel Valls avait admis une faille dès le 9 janvier au soir, quelques heures seulement après la fin de l'assaut contre l'HyperCacher, le Premier ministre comme son ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve se sont refusés à reprendre le mot cette fois-ci.

"Au moment où les forces de l'ordre sont mobilisées, que les familles n'ont pas encore enterré leurs morts, que les forces de l'ordre ont interpellé avec une rapidité exceptionnelle la cellule de Saint-Denis, que l'enquête est encore en cours, évoquer une faille des services, ça me semble étrange comme message de soutien aux forces", défend-t-on dans l'entourage du Premier ministre.

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