Une énorme vague de protestation est en train de déferler sur la Russie : les routiers occupent les grandes artères du pays. Apparemment, les autorités ont peur. En tout cas, on ne les entend pas, elles ont littéralement perdu la faculté de parole (la télé reste silencieuse). Si vous, camarade, passez votre existence devant le poste de télévision, vous ne savez rien de l’action nationale des routiers. Vous ignorez donc le plus important.

Pour nos autorités, le mouvement des chauffeurs de poids lourds est beaucoup plus dangereux que tous les terroristes de la Terre. Premièrement, parce que les terroristes, comme nous le voyons, sont inoffensifs pour les chefs et seulement dangereux pour les citoyens lambda – passagers du métro et des avions, supporters des stades et consommateurs dans les cafés. Deuxièmement, les attentats soudent le peuple autour du chef, tandis que les manifestations menacent de renverser le gouvernement.

Des tonnes de nourriture

Les grands axes routiers ont été perturbés ces derniers jours dans les régions de Kalouga, Tcheliabinsk, Petrozavodsk, Ekaterinbourg, Tioumen, du Daghestan, de Moscou, etc. [Les routiers manifestent contre une nouvelle taxe d’un montant de 1,53 rouble (0,02 euro) par kilomètre parcouru, censée s’appliquer aux véhicules de plus de 12 tonnes circulant sur les routes fédérales.] Ceux qui perturbent le trafic sont ceux qui ont pour fonction de rouler. Ce sont ceux qui ordinairement roulent très vite et qui, d’habitude, pestent contre tous les éventuelles [manifestations qui leur font] obstacle. Les obstacles sont tantôt les retraités (privés de leurs avantages), tantôt les médecins, tantôt toutes sortes de défenseurs des droits de l’homme… Et les autorités ont toujours dispersé ces manifestants justement au prétexte qu’ils gênaient la circulation.

Même s’ils se contentent de stationner sur les bas-côtés, même s’i