Votre navigateur est obsolète. Veuillez le mettre à jour avec la dernière version ou passer à un autre navigateur comme ChromeSafariFirefox ou Edge pour éviter les failles de sécurité et garantir les meilleures performances possibles.

Passer au contenu principal

Afrique du SudLa justice autorise la vente de corne de rhino

Une femelle rhinocéros, âgée de quatre ans, a été victime d'une violente attaque, en Afrique du Sud. L'animal a survécu.

Le contenu qui place des cookies supplémentaires est affiché ici.

À ce stade, vous trouverez des contenus externes supplémentaires. Si vous acceptez que des cookies soient placés par des fournisseurs externes et que des données personnelles soient ainsi transmises à ces derniers, vous devez autoriser tous les cookies et afficher directement le contenu externe.

La justice sud-africaine a levé jeudi un moratoire interdisant la vente de corne de rhinocéros sur le marché intérieur, une «décision extrêmement dangereuse» selon les défenseurs de l'environnement qui craignent une «intensification» du braconnage contre cette espèce décimée à un rythme alarmant. Le débat engagé depuis plusieurs années entre opposants et partisans de la légalisation fait rage en Afrique du Sud, qui abrite 80% de la population mondiale de rhinos et où le braconnage a explosé ces dernières années.

En 2014, le pays a enregistré le pire massacre de son histoire avec 1.215 rhinos tués, la plupart dans le célèbre parc Kruger (nord-est). Ce trafic alimente un marché clandestin de la médecine traditionnelle asiatique, notamment au Vietnam et en Chine, où l'on prête des vertus thérapeutiques - non prouvées scientifiquement - à la poudre de corne.

«Le moratoire sur la vente de corne de rhinocéros sur le marché sud-africain est suspendu par le présent jugement», a déclaré le juge Francis Legodi à la Haute Cour de Pretoria, qui avait été saisi par deux éleveurs de rhinocéros. Selon le juge, le gouvernement n'a pas suivi la bonne procédure lors de la mise en place du moratoire.

Baisse du braconnage

Les éleveurs estiment que le moratoire, décrété en 2009, a été totalement inefficace pour freiner le braconnage. «Mon client espère que la légalisation du commerce va permettre la réduction du braconnage. Au lieu de tuer les animaux, les gens qui voudront de la corne pourront en acheter légalement en provenance d'animaux encore en vie», a réagi à l'AFP Izak du Toit, avocat de John Hume, l'un des plaignants qui élève plus de 1200 rhinos sur ses ranchs en Afrique du Sud.

La corne étant constituée de la même matière que les ongles humains, il est possible de la couper sans blesser l'animal. La corne repousse ensuite lentement.

Appel

Le ministère sud-africain de l'Environnement a annoncé son intention de faire appel du jugement. «Une fois que le ministère aura fait appel, la décision du tribunal sera suspendue» le temps que la justice se prononce sur la validité de l'appel, a-t-il précisé.

Dans l'immédiat cependant, le commerce de la corne de rhinocéros est désormais légal en Afrique du Sud. Le gouvernement a toutefois pris le soin de rappeler qu'il reste «soumis à la délivrance de permis» conformément à la loi sur la biodiversité. Concrètement, les vendeurs potentiels de cornes de rhinos doivent obtenir des autorités locales un permis avant de commercer.

«C'est une décision extrêmement dangereuse»

Pour plusieurs défenseurs de l'environnement, la légalisation du commerce de la corne de rhinocéros risque d'aggraver le fléau juteux du braconnage. «C'est une décision extrêmement dangereuse. Quand un pays légalise le commerce de ce genre, le braconnage augmente de manière spectaculaire», a mis en garde Jason Bell, directeur en Afrique du Sud de l'organisation de défense des animaux Ifaw.

«La population des rhinocéros va disparaître dans deux ou trois ans si la consommation chinoise continue à ce rythme. Les éleveurs ne pensent qu'à leurs propres intérêts, pas à l'intérêt national», a-t-il affirmé à l'AFP.

John Hume, le plus gros éleveur de rhinocéros au monde, possède, selon son avocat, 4 tonnes de cornes de rhinos, stockées précieusement dans des coffre-forts à la banque et auprès d'une compagnie de sécurité. Un véritable trésor qui fait de lui potentiellement un millionnaire. «On dit qu'au marché noir le kilo de corne de rhinocéros se vend 60'000 dollars», dit Izak du Toit.

Interdit à l'échelle internationale

Le commerce reste cependant toujours interdit à l'échelle internationale. «La question maintenant, c'est de savoir à qui» les vendeurs potentiels vont écouler leur marchandise, a estimé Dex Kotze, richissime homme d'affaires engagé dans la défense des animaux. «Ce n'est pas le marché sud-africain qui en consomme», a-t-il fait remarquer.

La décision de justice pourrait inciter, selon Ifaw, le gouvernement sud-africain à plaider pour une levée de l'interdiction mondiale du commerce de la corne, lors du congrès de la Cites (Convention sur le commerce d'espèces sauvages menacées) en 2016 à Johannesburg.

Ce commerce est banni par la Cites depuis 1977, mais la vente de ce trophée est resté autorisée en Afrique du Sud jusqu'en 2008, quand brusquement le braconnage a augmenté, ce qui a entraîné le moratoire.

AFP