Le meilleur barrage au FN? Le retrait du PS
ANALYSE - Selon une étude de l'Ifop, fondée sur les comportements récents de l'électorat de gauche, le retrait des listes socialistes est la meilleure solution pour faire barrage au Front national. A moins que le total des voix de gauche dépasse celui des adversaires et permette d'envisager un maintien. Exemples à l'appui.
La question déchire déjà le Parti socialiste, elle va monopoliser les pensées et écraser les débats à gauche : que faire au soir du premier tour dans le Nord Pas-de-Calais Picardie ou en Provence-Alpes-Côte d’Azur, voire en Alsace Champagne-Ardennes Lorraine, où le Front national menace d’arriver en tête et le PS troisième? Manuel Valls veut "tout faire" pour éviter une victoire frontiste. Le Premier ministre a préconisé une fusion avec les listes de droite , refusée par tous les intéressés. Certains responsables socialistes évoquent plutôt un retrait pur et simple, d’autres recommandent d’attendre le décompte des voix de gauche pour entretenir un espoir.
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Selon une étude de l’Ifop publiée le 19 novembre, le retrait du candidat socialiste est l’option la plus efficace pour faire battre le FN. Dans une étude intitulée "Retrait républicain ou maintien de la gauche au 2nd tour : quels enseignements tirer des précédents scrutins", l’institut a décortiqué le comportement de l’électorat de gauche. Il observe que, lors des élections départementales de mars , le PS s’est désisté dans 17 cantons où il était troisième au premier tour et où le FN a pointé en tête. Dans la totalité de ces cantons, les électeurs socialistes ont apporté leurs voix à la droite, constituant de facto un barrage au Front national.
Ainsi, les binômes UMP l’ont partout emporté. "Le retrait républicain a donc très bien fonctionné quand il a été pratiqué par la gauche", souligne l’Ifop. L’écart fut parfois mince, comme à Péronne (Somme) où les candidats de droite ont obtenu 50,9% des suffrages. Mais le FN n’a gagné dans aucun cas. Réciproquement, l’UMP et ses alliés se sont retirés dans six cantons où ils étaient derrière la gauche et où le FN était premier : ce dernier n’a totalisé, in fine, que deux victoires. Une part des électeurs de droite s’est toutefois reportée sur le Front national : les candidats frontistes progressent davantage d’un tour à l’autre que lorsque la gauche se désiste.
Les électeurs PS sont (trop) fidèles au second tour
En revanche, dans les cas où les listes socialistes se maintiennent face au FN et à la droite, l’issue du scrutin dépend de la mobilisation de toute la gauche. Donc du total des voix PS, EELV, FDG… En effet, les électeurs socialistes du premier tour ne changent pas de camp : ils continuent largement de glisser un bulletin PS dans l’urne. Ils n’adoptent pas de stratégie alternative pour empêcher une conquête frontiste. Ils font confiance au choix de leur parti.
Cela leur réussit, mais à une condition : il faut que le total de gauche au premier tour dépasse celui des adversaires. Autrement dit, les réserves de voix sont indispensables. Aux départementales, le PS s’est maintenu dans 11 cantons alors qu’il était arrivé troisième. Dans 7 cantons, il a remporté l’élection : parmi ceux-là, six cantons affichaient un total de gauche supérieur à la droite au premier tour. Dans quatre autres cantons, la gauche était en retard et elle ne l’a pas rattrapé.
Pour la même raison, celle de la fidélité électorale, si le total des voix de gauche ne permet pas d’envisager une victoire socialiste, alors le maintien du PS conduit non seulement à son échec mais aussi à l’élection du candidat d’extrême-droite. L’exemple le plus frappant se trouve dans la 3e circonscription de Vaucluse. Marion Maréchal-Le Pen fut éluée députée à la faveur d’une triangulaire, avec 2.800 voix d’avance sur l’UMP. Son adversaire socialiste, Catherine Arkilovitch, était arrivée troisième au premier tour, le total des voix de gauche était faible, elle s’est pourtant maintenue – contre l’avis de son parti - et près de 10.000 électeurs PS l’ont suivie. L’entourage de la fédération PS locale évoquera plus tard un arrangement avec le FN dans une autre circonscription.
Il n'y a pas de "front républicain" à la base
Autre cas cité par l’Ifop, les municipales à Béziers. Le socialiste Jean-Michel du Plaa s’est lui aussi maintenu au second tour malgré un premier tour faible, conduisant à l’élection de Robert Ménard soutenu par le FN. "Ces exemples assez variés démontrent que les électeurs de gauche sont dans leur grande majorité restés fidèles d’un tour à l’autre, et qu’en dépit de la possibilité d’une victoire du FN dans leur canton, ils ont été très peu nombreux à pratiquer un front républicain à la base en se reportant sur le candidat de droite au second tour", note l’institut.
Autrement dit, à la fin de la semaine prochaine, après le premier tour des régionales, le PS sait à quoi s’en tenir dans les régions où il arriverait troisième. Comme l’écrit l’Ifop, "l’étiage auquel se situera l’ensemble de la gauche sera déterminant". En résumé, "s’il est supérieur aux scores de la droite et du FN, l’éventualité d’un maintien au second tour pourra être envisagée. Si en revanche, il se situe en deçà, le choix du maintien au second tour aurait de fortes probabilités d’aboutir à la victoire d’une Le Pen".
Si l’on applique ces calculs aux sondages, la situation est un peu plus complexe. En Paca, selon l’Ifop, le bloc de gauche atteindrait 30% au premier tour, soit autant que la liste de Christian Estrosi. Il faudra un sacrifice politique pour empêcher Marion Maréchal-Le Pen d’accéder à la région. Idem dans le nord. Si l’on suit OpinionWay, le total de la gauche dépasserait le pourcentage en faveur de Xavier Bertrand (32% contre 26%) mais il n’atteindrait pas le score anticipé pour Marine Le Pen, loin devant. Au second tour, si le PS se désiste, le candidat des Républicains et du centre serait au coude-à-coude avec la patronne du FN. Ces chiffrages d’après enquêtes d’opinion restent toutefois théoriques, ils sont réalisés sans pouvoir tenir compte des dynamiques de campagne et des discours.
Autrement dit, les prises de position des candidats de la gauche – de tous les partis de la gauche – entre les deux tours seront déterminantes. Ils vont devoir être clairs, à moins d’être accusé pendant de longues années d’avoir permis l’élection d’un(e) président(e) de région d’extrême-droite.
Source: leJDD.fr
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