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Genève honore un avocat saoudien emprisonné

De gauche à droite: Me Bertrand Favreau, bâtonnier de l'ordre des avocats de Bordeaux; Me Daniel N. Arshack, venu chercher le prix pour l'avocat saoudien Whalid Abu al-Khair; et Me Jean-Marc Carnicé, bâtonnier genevois.

Absent et pourtant si présent. Genève a remis hier soir, et pour la première fois, le Prix international des droits de l'homme Ludovic-Trarieux à un avocat saoudien emprisonné, défenseur du blogueur condamné à 1000 coups de fouet. La cérémonie s'inscrit dans le cadre des 120 ans de l'Ordre des avocats genevois.

Il s'appelle Whalid Abu al-Khair. Son nom est moins connu du grand public que les causes qu'il défend: autoriser les femmes saoudiennes à conduire, à exercer des mandats politiques, défendre la liberté d'expression. Pour avoir fondé l'Observatoire des droits humains dans son pays, il a été condamné l'an passé à quinze ans de prison, notamment pour «désobéissance et rupture d'allégeance au Souverain». C'est lui qui a défendu le blogueur Raif Badawi, mondialement connu pour avoir été condamné à la terrible sentence des coups de fouet.

Quel poids peut avoir le Prix international des droits de l'homme? Nelson Mandela avait reçu le premier, en 1985, le prix décerné par sept barreaux européens, dont celui de Genève, avant d'être libéré cinq ans plus tard. Une avocate égyptienne, figure de la révolution du Printemps arabe, avait reçu en 2014 la distinction au fond de sa prison, avant d'être libérée, puis de nouveau emprisonnée.

«Il faut espérer que ce prix joue un rôle dans la libération de certains, estime Me Jean-Marc Carnicé, bâtonnier de l'ordre genevois. Il permet en tout cas de mettre en lumière les abus de certains gouvernements, pour les placer sous le regard de la communauté internationale.» Le jury a d'ores et déjà annoncé cette distinction par courrier au gouvernement saoudien.

L'Ordre des avocats genevois a créé l'an passé une «commission des sages» chargée d'examiner les demandes adressées par les barreaux étrangers visant à soutenir des confrères persécutés. «Nous recevons deux à trois demandes par mois, pour des cas en Afrique, Russie, Chine, Turquie, et au Moyen-Orient», observe Me Carnicé. Sa dernière missive en date remonte à une semaine. Il s'est adressé au président turc Erdogan pour demander la libération d'un confrère.