C’est qui, nous ? Nous, c’est tout le monde, c’est personne. Pour moi, le “nous” est en général un mauvais point de départ. Il sent la généralisation, le montage en épingle et l’absence de nuances. Mais voilà, il y a eu ces attentats à Paris. Les événements, les reportages et les déclarations se succèdent plus vite que d’habitude. Comme souvent après des événements aussi affreux, les réflexes de sympathie, de méfiance et d’ignorance se mélangent avec les gros titres lus à la hâte pour donner un sentiment collectif diffus. Ce qui fait qu’un nous est pour moi nécessaire dans le cas présent.

Parce que je veux écrire cette phrase : nous n’avons pas peur.

Nous, c’est-à-dire la génération Y. Nous, les enfants de la fin des années 1980 et du début des années 1990. Nous, les enfants de la réunification qui ne connaissent qu’une seule Allemagne et qui s’étonnaient quand [les journalistes] donnaient des statistiques différentes pour l’ouest et l’est du pays. Nous qui, à l’école primaire, avons toujours eu dans notre classe des enfants qui parlaient au moins une autre langue – russe, turc, arabe – et chez qui il y avait de délicieuses pâtisseries qui collaient aux doigts. Nous, pour qui le terrorisme fait naturellement partie de la vie. Par