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Tulle : "C'est tout juste si on ne se fait pas engueuler d'avoir voté Hollande"

REPORTAGE - Samedi, sur le marché de Tulle, l'ambiance était morose. L'affaire Gayet passe d'autant plus mal que les "impôts augmentent" et le "chômage ne baisse pas".

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François Hollande qui a quitté Tulle samedi soir.
François Hollande qui a quitté Tulle samedi soir. © Bernard Bisson/JDD

Samedi, sur le marché qui se déploie tous les samedis le long de la Corrèze, la rivière qui traverse la ville de Tulle, les Corréziens n'avaient pas le cœur à plaisanter. Pourtant, depuis deux ans, les visites de "François", "leur" ancien maire devenu président, étaient traditionnellement une occasion de fête. On se félicitait de la réouverture du tribunal qui avait été fermé par Sarkozy. On rappelait à l'envi cette soirée mémorable du 6 mai 2012, au cours de laquelle Hollande était venu fêter sa victoire sur la place de la cathédrale Notre-Dame… en compagnie de "Valérie", avec laquelle il avait valsé au son de l'accordéon sur l'air de La Vie en rose.

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"J'aurais dû m'abstenir au second tour"

"La première année les touristes affluaient", raconte la propriétaire de la mercerie voisine. "Le café de la place affichait fièrement une pancarte : 'Ici, ce n'est pas le Fouquet's', poursuit-elle, aujourd'hui quand un visiteur s'arrête, c'est tout juste si on ne se fait pas engueuler d'avoir voté Hollande." Comme une majorité de Corréziens, cette ancienne Parisienne, installée à Tulle depuis douze ans, a glissé un bulletin Hollande dans l'urne présidentielle. On ne l'y reprendra pas. "Au premier tour, j'avais voté Bayrou, reconnaît la commerçante, j'aurais dû m'abstenir au second. J'ai 58 ans et même plus les moyens de me verser un salaire. Quand je vends une pelote de fil à broder 1,50 euros, je paie 30 centimes d'impôts. Je fermerais bien la boutique mais qui va m'embaucher à mon âge?" Une vilaine palissade masque la façade de la cathédrale et enlaidit aujourd'hui la place. L'ambiance est retombée, le décor a changé et la courbe de popularité donne des signes de faiblesses. Ici, comme ailleurs.

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Sur les étals, on commentait hier d'avantage la courbe du chômage que la venue du président de la République. Une militante du Parti communiste, L'Humanité sous le bras, faisait part de son désarroi. "Mon fils de 29 ans n'arrive pas à trouver d'emploi, autour de moi, c'est de plus en plus dur, raconte-t-elle, alors c'est sûr qu'on ne l'a pas élu pour chouchouter les entreprises… Mais enfin, c'est toujours mieux que Sarkozy.

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Il faut se battre pour faire entendre la voix de la vraie gauche et… lire L‘Huma." Les tracts du candidat Rassemblement républicain, Raphaël Chaumeil, à la main, une militante UMP l'interpelle. "Vous avez voulu virer Sarkozy parce qu'il dégradait la fonction présidentielle, peste-t-elle, et Hollande avec son casque de moto sur la tête et son actrice, vous trouvez qu'il fait président peut-être?" Derrière son étal de pommes, Martine regarde la scène avec amusement. "Ce genre de prise de bec est rare chez nous, commente-t-elle, c'est parce qu'il y a des caméras de partout aujourd'hui qu'elles se donnent en spectacle ces deux-là. Les Corréziens sont d'un naturel discret. Hollande a encore des soutiens, il faudrait peu de chose pour que cela reparte. Mais depuis la rentrée les gens sont à sec. Ce sont les impôts dont ils se plaignent beaucoup en ce moment…"

La photo du marché

La fierté des Tullistes et de la Corrèze pour leur président est atteinte. L'affaire de la photographie de Julie Gayet et de François Hollande prise le 20 juillet sur ce même marché n'arrange rien. Cet été, le Président s'est promené dans son ancien fief en compagnie de Thierry Chèze, un critique littéraire, et d'une jeune femme blonde. L'instant de détente présidentielle a été saisi par un cinéphile qui avait reconnu l'actrice Julie Gayet. Sans imaginer une seconde que cette balade amicale cachait une idylle clandestine, le photographe avait demandé au Président et à ses amis de poser pour lui. Ce qu'il avait accepté bien volontiers. "Pour François Hollande, explique Muriel Vitel, journaliste de France Bleue Limousin, qui a vu le cliché, ce marché est un endroit auquel il est particulièrement attaché. Il paraissait détendu." Depuis, les révélations de Closer, tous les paparazzis cherchent la fameuse photo…

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Lire aussi : La parenthèse corrézienne de Hollande

Source: JDD papier

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