COP21 : des raisons d'y croire... ou pas

LE FAIT DU JOUR. 150 chefs d'Etat ouvrent lundi la conférence de Paris qui vise à limiter le réchauffement climatique. Le succès passe par un improbable accord international.

Pékin (Chine), hier. Responsable d’un quart des émissions de gaz à effet de serre de la planète, la Chine a pris conscience du danger.
Pékin (Chine), hier. Responsable d’un quart des émissions de gaz à effet de serre de la planète, la Chine a pris conscience du danger. (MaxPPP/EPA/How Hwee Young.)

    « Il y a des risques d'échec », a prévenu François Hollande cette semaine. Le succès de la conférence de Paris est effectivement loin d'être assuré, mais il reste quelques bonnes raisons d'y croire.

    Les atouts

    Un sursaut de responsabilité après les attentats.

    Aucun chef d'Etat ou de gouvernement n'a annulé sa venue après les attentats de Paris le 13 novembre. « Au contraire, certains, comme le roi de Jordanie, ont annoncé qu'ils se joindraient à ce rassemblement pour manifester leur soutien », explique-t-on à l'Elysée. Nicolas Hulot y voit un signal fort : « La chape émotionnelle fera peser une obligation morale sur les chefs d'Etat de ne surtout pas remettre au lendemain la question du réchauffement. » De même du côté de la société civile : « Nous n'avons jamais vu une telle mobilisation sociale en France et à travers le monde. Les syndicats aussi sont tous présents pour parler climat, c'est très nouveau par rapport aux précédentes COP », estime Anabella Rosemberg, conseillère environnementale pour la Confédération syndicale internationale.

    Cette fois, la Chine met la main à la pâte.

    Premier pollueur avec un quart des émissions de gaz à effet de serre de la planète, la Chine a pris conscience du danger du réchauffement climatique alors qu'elle avait largement contribué à faire capoter la conférence de Copenhague en 2009. Chef de file des pays en voie de développement, la Chine a promis de continuer l'effort après la COP21, avec « une clause de révision ». Tous les cinq ans, on fait le point pour évaluer où en sont les pays et voir si tous tiennent leurs engagements.

    Les entreprises s'engagent.

    Si les 195 pays ne parviennent pas à un accord, les entreprises se mobilisent. Demain, Bill Gates et François Hollande vont lancer une initiative sur l'innovation. L'ancien patron de Microsoft a déjà promis d'investir 2 Mds$ (1,88 Mdsâ?¬) dans les technologies vertes. Du côté des entreprises françaises, jeudi, 39 grands groupes français ont publié ensemble leurs engagements pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, qui se traduiront par 170 Mdsâ?¬ d'investissements d'ici à 2020. Le « manifeste » rassemble l'essentiel des entreprises du CAC 40.

    Les obstacles

    Toujours au-dessus des 2  oC.

    Si l'on additionne les engagements des pays à la manière d'un Téléthon climatique, le résultat reste insuffisant. Cent quatre-vingts pays ont rendu leurs contributions dans lesquelles ils promettent de limiter leurs émissions de gaz à effet de serre. Bilan : il y aura toujours « plus de 10 milliards de tonnes équivalent CO2  en 2030. Il faut plus d'ambition ! » explique Mathieu Orphelin, de la Fondation Hulot. Pour l'instant, si tous les pays respectent ces engagements, on gagnera 3 oC d'ici à 2100. C'est trop.

    Les Etats-Unis contre un accord contraignant.

    Alors que les Etats-Unis sont le deuxième pollueur du monde, le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, a mis les pieds dans le plat. Selon lui, la COP21 ne peut pas aboutir à un accord « légalement contraignant ». Il s'agit d'un problème de politique intérieure : un accord contraignant devrait être validé par le Congrès américain, tenu par l'opposition républicaine, qui ne le ratifiera pas.

    Des intérêts divergents.

    Il y a les pays riches du Nord contre les pays pauvres du Sud et leurs désaccords avaient causé l'échec de la COP15 à Copenhague. Les pays en développement constitués en groupe (G77 + Chine) poussent pour que les pays riches, historiquement responsables des émissions de gaz à effets de serre, paient le gros des investissements.

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