On ne cessera jamais de le répéter : sur les réseaux sociaux, il est préférable de se méfier des images qui circulent quand on n’en connaît pas la source. Dimanche 29 novembre, en marge de rassemblements écologistes à Paris, alors que s’ouvre la COP21, des heurts ont éclaté entre une minorité de manifestants et les forces de l’ordre, place de la République.
Quelques manifestants n’ont pas hésité à utiliser, en guise de projectile, les bougies qui brûlent le long de la statue de la place depuis les attentats du 7 janvier à Charlie Hebdo, et dont le nombre a augmenté après les attaques du 13 novembre à Paris.
Il n’en fallait pas plus pour que, sur les réseaux, on dénonce une extrême gauche aux méthodes violentes, et qui n’a pas respecté ce monument improvisé. Quitte à, pour ce faire, ressortir des images issues d’un autre temps et d’un autre contexte.
Voici la photo qui a beaucoup circulé ce dimanche, partagée des milliers de fois, provoquant des torrents d’indignation. On y voit une manifestante brandissant une pancarte où l’on peut lire « nous sommes tout-e-s des djihadistes verts ».
Le contexte des attaques djihadistes explique aisément l’indignation qui a accompagné son partage et les commentaires peu amènes qu’on a pu lire, y compris de la part de journalistes.
Pourtant, comme souvent, la vitesse et la colère ont pris le pas sur l’info. Car cette image date de plus d’un an. Et ce slogan n’est pas une provocation dénuée de sens.
1. Une image issue d’un rassemblement à Nantes en 2014
L’image a été prise par Georges Gobet, photographe pour l’Agence France presse (AFP), à l’occasion d’un rassemblement à Nantes, le 22 novembre 2014, quelques jours après la mort du militant anti-construction d’un barrage sur le cours du Tescou (Tarn), Rémi Fraisse.
Elle ne date donc pas de dimanche et ne constitue pas une provocation post-attaques djihadistes.
2. Un slogan pris… à la FNSEA
Quant à la formule « tous des djihadistes verts », là encore, elle s’explique par un certain contexte. En effet, elle n’a pas été inventée par des militants écologistes, mais par Xavier Beulin, le patron de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), principale organisation d’agriculteurs, et assez peu sympathisante des causes des militants écologistes en général.
M. Beulin avait lancé cette invective en octobre 2014, avant le décès de Rémi Fraisse, et bien avant les attaques terroristes de janvier et du 13 novembre. Le slogan, une sorte de mise à jour du « khmer vert » qui fit florès contre les militants environnementalistes dans les années 1980, n’avait alors pas beaucoup indigné. Le contexte a, on le sait, bien changé.
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