Les 100 mangas qu'il faut avoir lu (si on est un jeune japonais)

Même au Japon, la manga n'a pas toujours été bien considéré. Une fondation propose d'en faire un vrai outil d'éducation, et met à disposition une centaine de titres dûment sélectionnés dans des écoles et des bibliothèques.

Par Stéphane Jarno

Publié le 28 novembre 2015 à 15h00

Mis à jour le 08 décembre 2020 à 06h03

Les mangas, un outil éducatif ? La Nippon Foundation n'en doute pas, qui vient de lancer un programme national autour du neuvième art local. Avec son armada de magazines et ses millions d'exemplaires vendus chaque année, le manga reste, malgré la concurrence du numérique, une industrie florissante et l'un des piliers de la culture populaire japonaise. Ce qui le rend éminemment suspect dans les milieux intellectuels nippons où l'on n'a pas coutume de mélanger le bon grain et l'ivraie, les disciplines nobles et les « sous-cultures ». Sauf que depuis le mois dernier, le pas est franchi. Organisation privée à but philanthropique, engagée entre autres dans l'innovation sociale et l'éducation, cette fondation a confié à d'éminents professeurs d'université ainsi qu'à la mangaka Machiko Satonaka le soin d'établir une liste de cent ouvrages indispensables à destination des enfants et des jeunes adultes.

Pourquoi ce revirement ? Parce que les têtes pensantes de l'archipel ont enfin saisi ce que les amateurs de bulles nippones savent depuis longtemps : les meilleurs mangas constituent un formidable prisme pour saisir et décoder tous les sujets, y compris les plus complexes. « Amusants », « faciles à comprendre »; les mangas créent, selon ces spécialistes, « de l'empathie » avec les sujets qu'ils abordent et donnent à leurs lecteurs – qu'il s'agisse d'histoire, de sciences, de sports ou de littérature – l'envie d'en savoir davantage. Conscients que l'on n'attrape pas les mouches avec du vinaigre, les universitaires ont mis l'« edutainment » (un magnifique néologisme qui mélange l'éducation et l'entertainment, le divertissement) au coeur d' un dispositif qui prévoit, entre autres, la mise à disposition des ouvrages sélectionnés dans les écoles et les bibliothèques.

Parmi les titres de la liste, de grands classiques du genre comme Gen d'Hiroshima de Keiji Nakazawa, Golgo 13 de Takao Saito et l'immarcescible Phénix d'Osamu Tezuka, mais aussi des séries plus récentes comme Thermae Romae de Mari Yamizaki, A Silent voice de Yoshitoki Oima ou encore l'excellent Vinland saga de Makoto Yokimura. Les esprits chagrins regretteront sans doute quelques absents de marque comme Katsuhiro Otomo ou Naoki Urasawa, mais la mission était de toute façon impossible. Comment ne retenir que cent titres dans un pareil vivier ? D'ailleurs que feraient nos propres savants s'ils devaient accomplir la même tâche avec la BD franco-belge ? Qu'on se rassure dans les universités françaises, la question est encore loin d'être à l'ordre du jour…

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