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IRAK

Des chiites irakiens dénoncent la corruption en marchant vers Kerbala

"Si tu est dans le camp de Hussein, dénonce la corruption et les voleurs", indique cette pancarte brandie par un pèlerin chiite sur la route de Kerbala. Photo Facebook.
"Si tu est dans le camp de Hussein, dénonce la corruption et les voleurs", indique cette pancarte brandie par un pèlerin chiite sur la route de Kerbala. Photo Facebook.
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Des chiites irakiens ont décidé d’utiliser cette année le pèlerinage vers Kerbala pour transmettre un message politique. Dans les cortèges qui convergent à Kerbala chaque année pour célébrer l’Arbaïn [la fin des 40 jours de deuil après l'anniversaire de la mort de l'imam Hussein], les chants religieux se mêlent donc aux slogans réclamant des réformes pour lutter contre la corruption au sein de l’État irakien.

Depuis août dernier, des milliers d’Irakiens sortent régulièrement dans les rues de Bagdad et des villes sud du pays pour dénoncer la corruption, mais aussi la vétusté des services publics,  notamment du réseau électrique.

Ces manifestations ont commencé à Basra, où la mort du jeune manifestant Muntather al-Halfi, aux mains des forces de l’ordre, a servi de catalyseur au mouvement de contestation.

رك يبو الجاد داست على الحرامية

زوارك داست على الحرامية ..المالكي وعمار وبقية الهتلية زوارك داست على الحرامية ..المالكي وعمار وبقية الهتلية زوارك داست على الحرامية ..المالكي وعمار وبقية الهتلية

Posted by ‎شباب الدولة المدنية‎ on Wednesday, November 25, 2015
Des manifestants piétinent des portraits de responsables politiques, dont celui de l’ancien Premier ministre Nouri al-Maliki.

حسين من حارب يزيد يعني فاسد مايريد

Posted by ‎شباب الدولة المدنية‎ on Wednesday, November 25, 2015
"Nous marchons pour Hussein, nous marchons contre la corruption", scandent ces manifestants.

"Les postes devraient être attribués selon la compétence et l’intégrité et non l’appartenance religieuse"

Imed Alsharaa est journaliste. Il participe régulièrement aux manifestations contre la corruption en Irak.

Près de 10 millions de personnes se rendent à Kerbala chaque année pour célébrer l’Arbaïn [la fin des 40 jours de deuil après l'anniversaire de la mort de l'imam Hussein]. Ils viennent notamment du Liban, de l’Iran, de Bahreïn et même d’Europe. C’est donc une formidable caisse de résonance pour ces Irakiens qui veulent dénoncer la corruption.

Cela fait plusieurs mois que nous passons ce message lors de fêtes religieuses. Cela permet de médiatiser nos revendications. Mais nous avons été critiqués par des partis politiques qui nous ont accusés de manquer de respect envers la religion. Nous nous sommes donc engagés à ne pas manifester en ville pendant les périodes de pèlerinage. En revanche, nous avons décidé de maintenir les manifestations pendant le voyage à pied vers Kerbala.

من هتافات #اليوم باسم حسين باكونة الحرامية باسم حسين باكونة الحرامية باسم حسين باكونة الحرامية

Posted by ‎شباب الدولة المدنية‎ on Wednesday, November 25, 2015
Sur la pancarte : "Au nom de Hussein, contre la corruption".

"Notre mouvement n’est pas sectaire"

Il est vrai que ceux qui manifestent sur la route de Kerbala sont issus de la communauté chiite. Mais notre mouvement n’est pas sectaire. D’ailleurs nous militons pour l’abrogation du système des quotas confessionnels aussi bien dans le gouvernement qu’au sein du parlement. En Irak, le Premier ministre est issu de la communauté chiite, car les chiites constituent la majorité de la population. Le chef du Parlement est sunnite, tandis que le président est kurde – car les sunnites sont plus nombreux que les kurdes. Ce système a favorisé les inégalités et le fait que des communautés soient avantagées par rapport à d’autres. Nous militons pour que ces postes soient attribués aux personnes selon leur compétence et leur intégrité et non leur appartenance religieuse.

"470 milliards d’euros ont disparu entre 2006 et 2014"

La corruption en Irak a atteint un niveau insoutenable. Adil Nouri, le responsable de la commission Intégrité, a indiqué récemment que rien que 470 milliards d’euros ont disparu entre 2006 et 2014.

L’État s’est engagé à combattre la corruption depuis le début des manifestations, en août dernier, mais nous avons l’impression que rien n’a vraiment changé. Plusieurs responsables du ministère de l’Intérieur qui ont touché des pots-de-vin ont, par exemple, été simplement mis à la retraite. D’autres ont fui vers l’Europe, et les autorités n’ont pas entrepris de démarches pour les faire extrader.

C’est pour cela que nous poursuivons les manifestations dans toutes les villes du pays. Malheureusement, nous manifestons la peur au ventre car plusieurs leader du mouvement ont été assassinés, tandis que d’autres ont été kidnappés ou emprisonnés. Plusieurs de mes amis ont été enlevés ces dernières semaines et je n’ai aucune nouvelle d’eux.

 

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