Le chef Marc Veyrat au tribunal d'Annecy le 27 novembre 2015.

Le chef Marc Veyrat au tribunal d'Annecy le 27 novembre 2015.

afp.com/JEAN-PIERRE CLATOT

Quatre à six mois de prison avec sursis ont été requis vendredi 27 novembre à Annecy contre le chef étoilé Marc Veyrat, jugé devant le tribunal correctionnel pour plusieurs infractions à l'environnement à Manigod (Haute-Savoie), où il possède un restaurant. Le vice-procureur de la République à Annecy, Martine Imberton, a également réclamé 100.000 euros d'amende. Le jugement sera rendu le 18 décembre. Une assignation en justice qui jure, au moment où Marc Veyrat fait partie des chefs qui sont appelés à cuisiner pour les 150 chefs d'Etat présents à Paris pour la 21e conférence de l'ONU sur le climat (COP 21).

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La justice reproche au célèbre chef au chapeau noir, 65 ans, d'avoir réalisé, entre 2012 et 2013 dans une zone naturelle protégée jouxtant son restaurant et sa propriété familiale, des travaux d'aménagement d'un parcours pédagogique considérés comme nuisibles à l'environnement. Certains, réalisés sans autorisation ni permis de construire, ont notamment conduit à la destruction de "7.000 mètres carré de forêt et à l'assèchement d'une zone humide de près d'un hectare" au-dessus de sa propriété.

"Je ne suis pas au-dessus des lois"

"Je suis désolé de tout ce qui arrive. Je ne suis pas au-dessus des lois. Chacun peut se tromper, même moi", a souligné à la barre Marc Veyrat, reconnaissant "des erreurs fondamentales" et assurant de sa "bonne foi". "Dans cette opération, j'ai tout mélangé. C'est le coeur qui a parlé. Il y avait des conditions à respecter et j'ai été trop vite. Je ne savais pas qu'il fallait un permis de construire pour ces constructions rudimentaires", a-t-il ajouté, se disant "affecté". Rappelant son "attachement" à cette région, le Haut-Savoyard a assuré avoir "pris toutes les précautions d'usage pour ne pas porter atteinte à l'environnement" et n'avoir jamais eu connaissance de la présence d'une zone humide.

Selon la Direction départementale des territoires et l'Office national de l'eau et des milieux aquatiques, qui fait état de 12.000 mètres carré de zones humides impactées, "le seuil de dégradation de certaines parcelles" est tel que "les sols sont devenus stériles". Si elle dit "soutenir intellectuellement la démarche de Marc Veyrat", la commune de Manigod, partie civile, a rappelé qu'elle "ne cautionnera pas un projet qui porte atteinte à l'environnement" et réclamé la remise en état du site.

Une "discordance" entre le discours et la réalité

"Marc Veyrat a une conception étrange et personnelle du respect de l'environnement. Il s'affranchit de toutes les règles de l'urbanisme", a argumenté Martine Imberton, pointant la "discordance" entre le discours du chef -dont une Fondation à son nom promeut "la préservation et le respect de la terre"- et la réalité. "Ce dossier se dégonfle fortement au regard des éléments juridiques", a estimé Me Nicolas Ballaloud, son avocat, qui a réclamé la relaxe. "La réalité est loin de ce qu'on a présenté dans ce dossier. Marc Veyrat a par exemple replanté 1210 arbres, pour seulement 40 coupés."

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