Coignard - COP21 ou COM21 ?

La grand-messe parisienne est avant tout une opération de communication et de sensibilisation. Mais elle est condamnée à réussir. Et ce, malgré le verrou américain.

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COP21, photo d'illustration.
COP21, photo d'illustration. © AFP PHOTO

Temps de lecture : 2 min

C'est un événement sans précédent. Pas seulement pour les Franciliens sommés de limiter leurs déplacements, voire de rester chez eux pendant deux jours, mais pour le monde entier. Une telle concentration de chefs d'État et de gouvernement ainsi que d'experts (plus de 40 000), une unité de temps et de lieu si marquée condamnent la COP21 à réussir. C'est là que commencent de légitimes interrogations. De deux choses l'une, en effet. Soit le suspense demeure sur l'issue de cette réunion de dimension exceptionnelle. Et un échec aurait alors des conséquences négatives ravageuses, non seulement pour la planète, mais aussi pour les participants, et surtout pour les organisateurs, à savoir François Hollande et son gouvernement. Soit les jeux sont faits : un accord, même a minima, est déjà scellé grâce aux multiples échanges bilatéraux qui ont eu lieu depuis plus d'un an à un rythme effréné. Et la COP21 n'est en réalité qu'un immense théâtre voué à la communication.

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Le verrou américain

Dans cette dernière hypothèse, qu'on espère la bonne, il demeure un obstacle de taille : le verrou américain. Barack Obama a redit combien l'enjeu était important pour les générations futures. Mais il n'est pas vraiment maître chez lui. Ainsi du volet contraignant des engagements de réduction de CO2 pour les pays participants. Laurent Fabius a beau faire semblant d'y croire, il ne peut ignorer un obstacle américain difficilement franchissable. Si John Kerry a d'ores et déjà prévenu que son pays refuserait tout aspect contraignant, ce n'est pas par mauvaise volonté mais par impossibilité institutionnelle. Pour les mêmes raisons, Barack Obama a indiqué que l'accord éventuel ne pouvait pas prendre la forme d'un traité international.

Car celui-ci devrait alors obligatoirement être ratifié par le Sénat. Une assemblée dominée par les républicains, majoritairement climato-sceptiques. Non seulement la plupart des sénateurs sont sponsorisés, pour leurs coûteuses campagnes électorales, par les industries polluantes, mais leurs électeurs sont majoritairement convaincus que, si changement climatique il y a, il n'est en aucun cas d'origine humaine. Donald Trump, qui fait la course en tête pour la primaire républicaine, régale régulièrement son public de saillies drolatiques sur le sujet. Un jour, il assure que le réchauffement est un concept inventé par les Chinois ; un autre, il s'amuse de la vague de froid précoce qui s'est abattue sur New York et qui serait, selon lui, résolue par « une bonne grosse dose de réchauffement ».

Ce scepticisme est même institutionnalisé dans certains États, telle la Floride, où il est interdit à tout fonctionnaire de faire référence au changement climatique. Dans ce contexte, un sondage publié par le New York Times est un message d'espoir. Si 51 % seulement des Américains se disent préoccupés par cette question, ils ont 66 % à souhaiter que les États-Unis signent les accords internationaux sur le réchauffement climatique. Reste à en trouver les modalités acrobatiques.

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Commentaires (19)

  • Simple réflexion

    Pollution, espèces animales et végétales menacées, manières futuristes de nous nourrir, dérèglement climatique (et non pas aléas météorologiques), migrations humaines, etc. … tour à tour, on nous sensibilise, apitoie, alarme, ... La COP21 est focalisée sur un scénario catastrophe pour la planète (qui s'en sortira toujours d'une manière ou d'une autre). Le développement économique est mis en cause tantôt pour excès, tantôt pour défaut ou insuffisance ! Prôner la décroissance économique est utopique : on peut réussir à extorquer un consentement frauduleux aux électeurs résolus à vivre le plus confortablement possible, ils déchanteront vite et réagiront en conséquence. C’est aussi ne pas voir que développement économique et natalité vont de pair. L'espèce humaine, redoutablement envahissante et prédatrice, bouleverse tous les équilibres naturels et tend à épuiser les ressources naturelles à travers l'activité industrielle. Une démographie vigoureuse permettait autrefois de compenser les épidémies et de fournir de la chair à canon mais ces raisons disparues, notamment grâce aux progrès médicaux, l'habitude persiste. On remet régulièrement le natalisme au goût du jour, au gré des circonstances mais il profite surtout aux grandes entreprises multinationales à qui il procure une main d'œuvre abondante donc bon marché et docile ainsi que des clients et par conséquent des bénéfices et dividendes. Il faudrait plutôt réfléchir aux politiques natalistes et à une organisation du territoire qui n’obligerait plus les gens à endurer des trajets domicile-travail toujours plus longs, plus énergivores et plus polluants. Si on ne s’attaque pas à ces problèmes de fond que les politiciens connaissent, il est à craindre que l’objectif de + 2 °C ne soit atteint. On peut d’ailleurs s’interroger sur les objectifs suivants, ce qui relativise la pertinence de l’actuel et laisse présager d’autres COP(s). Enfin, faire croire que notre président va sauver la planète en organisant une réunion mémora

  • issartier

    L'Agence Internationale de l'Energie - pointe la nécessité d'augmenter résolument la part du nucléaire dans le mix énergétique mondial, laquelle n'est pour le moment que de 6% environ. Au niveau des émissions de CO2 par habitant, la France atteint les 5, 7 tonnes essentiellement pour le chauffage et le transport et quasiment nulle pour l’électricité, déjà décarbonée à 94%. A comparer avec les 10, 2 tonnes pour l'Allemagne pour les 3 usages et en forte progression constante depuis l’arrêt de la moitié du nucléaire électrique ! Le nucléaire possède l'avantage de permettre de disposer d'une puissance continue importante pour chaque réacteur, en n’occupant que 200 fois moins d’espace naturel que les énergies vent et soleil intermittentes. L’électricité qui peut remplacer avantageusement les 3 usages est appelée à une production en croissance colossale quoiqu’on en dise. La COP21 qui a choisi de partir sur des bases fausses n’a aucune chance d’aboutir à un résultat intéressant. Sauf pour des gens comme Al Gore, Waren Buffet, Goldman Sachs etc. Qui sont bien assez riches.

  • issartier

    A moins d’avoir trié les gens soigneusement et leur avoir interdit de se parler, ce serait bien la première fois au monde qu’une réunion aussi nombreuse arrive à un quelconque accord ! Si jamais un tel accord se produisait, il serait nul et non avenu car obligatoirement obtenu par magouille ou fraude gigantesque !