POLITIQUE - Certains veulent armer les parlementaires, d'autres proposent de mieux armer les policiers. Le député-maire de Yerres (Essonne), Nicolas Dupont-Aignan, veut réaffecter l'intégralité des 130.000 euros de sa réserve parlementaire pour acheter des équipements aux forces de l’ordre, dont des gilets pare-balles.
En raison des restrictions budgétaires, "les équipements dont disposent les forces de l’ordre sont très insuffisants (véhicules, armes, protections, gilets pare-balles, radios, etc…)", constate dans un communqué diffusé ce mardi 1er décembre le président du parti souverainiste Debout la France. C’est pourquoi, affirme-t-il, "par souci d’efficacité, j’ai décidé de réaffecter ma réserve parlementaire vers les moyens des forces de l'ordre et j’ai demandé au Président de l’Assemblée nationale de permettre ce changement alors que le délai d’attribution est dépassé".
Par ce geste, l'ancien candidat à la présidentielle de 2012 (1,79%) espère montrer l'exemple auprès de ses collègues à qui il a adressé un courrier leur demandant de faire de même.
Selon, cela permettrait de rassembler 130 millions d’euros, soit l'intégralité de la réserve parlementaire, qui permettraient l’achat de :
- 129 652 gilets pare-balles hommes108 187 gilets pare-balles femmes332 544 fusils à pompe Remington67 123 boucliers lourds220 573 boucliers souples
Réserve ou subvention?
L'initiative de Nicolas Dupont-Aignan, premier responsable politique à avoir réclamé l'instauration de l'état d'urgence après les attentats de janvier et candidat aux élections régionales en Ile-de-France, intervient à une semaine du premier tour et vise évidemment à faire parler d'elle. Question: est-elle seulement possible?
La réserve parlementaire est une enveloppe de subventions allouée de manière annuelle aux députés et sénateurs. Elle leur permet de soutenir des associations et/ou d'aider à financer des projets de collectivités locales. Faute de transparence, même si de sérieux progrès ont été réalisés en la matière, cette enveloppe a longtemps été accusée d'encourager le clientélisme, les parlementaires soutenant presque systématiquement leur propre commune ou des associations proches de leurs intérêts politiques.
Le système est toutefois encadré et il n 'est pas possible d'attribuer ces subventions à n'importe qui dans n'importe quelle condition. S'il est techniquement faisable pour un parlementaire de participer à l'achat d'équipements dans une commune, une attribution s'apparentant à une subvention d'Etat peut être retoquée par le ministère de l'Intérieur.
Patrick Balkany, le député-maire de Levallois (Hauts-de-Seine), en avait fait les frais l'an dernier lorsqu'il avait décidé d'attribuer 110.000 euros à sa ville pour la rénovation de caméras de surveillance. Requête jugée irrecevable par la Place Beauvau qui l'avait requalifiée en demande de subvention ministérielle. Du coup, ce proche de Nicolas Sarkozy avait renoncé à puiser dans sa réserve pour cette année.