Les banques européennes toujours accro au charbon

Coal remains important to the economic development of many countries. [oatsy40/Flickr]

Les grandes banques européennes n’ont cessé d’investir dans le charbon depuis la conférence de Copenhague.

Le financement des mines et des centrales à charbon n’a pas souffert de la crise économique depuis la conférence de Copenhague en 2009. Selon un rapport publié le 2 décembre par plusieurs ONG, les plus grandes banques européennes et américaines ont encore des investissements conséquents dans le charbon.

Considéré comme la source d’énergie la plus émettrice de CO2, le charbon fait l’objet d’un large mouvement de désinvestissements. Les gouvernements, mais aussi le secteur privé ou les banques de développement avancent peu à peu vers la fin des investissements dans les énergies fossiles en général, et dans le charbon en particulier.

Réforme des subventions

Dès l’ouverture de la COP 21, la fin des soutiens publics et des investissements privés en faveur des énergies fossiles a d’ailleurs fait l’objet d’un appel ambitieux.

>>Lire : Accord mondial contre les aides au charbon avant la COP 21

Présenté par le premier ministre de Nouvelle-Zélande, John Key, le communiqué sur la réforme des subventions aux combustibles fossiles appelle la communauté internationale à s’engager en faveur de la suppression des subventions aux énergies fossiles. L’appel, soutenu par une quarantaine de pays, dont la France, le Canada, le Mexique, les États-Unis ou encore l’Ouganda.

Secteur bancaire                                                                                               

Si le ménage dans les subventions publiques aux énergies fossiles avance lentement, du côté des investisseurs privés, il fait parfois du sur-place.

Épinglées par le rapport « Le test charbon », les grandes banques européennes et américaines ont par exemple financé 2,5 fois plus le secteur du charbon que celui des énergies renouvelables. Au total, ces dernières ont consacré 104,59 milliards de dollars de soutiens aux énergies renouvelables (éolien, solaire géothermie), contre 257 milliards de dollars au charbon.

>>Lire : Le charbon a de beaux jours devant lui dans le cadre de l’Union de l’énergie

« Les banques internationales ont […] alloué plus de 257 milliards de dollars au secteur énergétique le plus sale entre les sommets climat de Copenhague et de Paris » a regretté Yann Louvel de BankTrack.

Financement des mines

En France, BNP Paribas, la Société Générale et le Crédit Agricole se sont toutes engagés à arrêter les financements aux mines de charbon.

Mais l’engagement des banques est loin d’être aussi ambitieux sur le front des centrales. Les trois banques françaises se sont engagées à cesser les investissements dans les projets de centrales à charbon dans les pays à haut niveau de revenu, ce qui représente seulement 12% du marché.

 « Cette année, nous avons vu certaines banques, en particulier les banques françaises BNP Paribas, Crédit Agricole et Société Générale, adopter des politiques de réduction de leur financement au charbon afin de faire bonne figure à la COP21. Nous suivrons de près l’application de ces mesures » a prévenu, Lucie Pinson des Amis de la Terre France.

>>Lire : Les investisseurs européens abandonnent pas à pas le charbon

Malgré ces avancés en matière d’investissement, les trois banques françaises totalisent 32,87 milliards de dollars d’investissement dans le charbon entre 2009 et 2014, selon le rapport des Amis de la Terre, BankTrack, urgewald et Rainforest Action Network.

L’Allemagne mauvaise élève

En Allemagne, le bilan des banques est encore moins reluisant. Aucune des grandes banques du pays passées en revue par le rapport n’a jusqu’ici annoncé de mesures visant à stopper les investissements dans le charbon.

«  L’Allemagne compte aussi une banque parmi le top 10 des banques les plus climaticides au monde, Deutsche Bank, qui est tristement connue pour son implication dans de nombreux scandales liés à ses financements charbon » ajoute Katrin Ganswindt de l’ONG allemande urgewald.

La Deutsche Bank a elle seule totalisé 13,84 milliards de dollars d’investissements dans le secteur du charbon entre 2009 et 2014. Et n’a pour l’heure pris aucun engagement de faveur du désinvestissement.

>>Lire : Le charbon, un investissement de plus en plus dangereux en Europe

Selon le rapport, la banque ne s’est pas encore engagée en faveur de l’arrêt des investissements dans les mines de charbon à ciel ouvert. Un engagement déjà pris par la majorité des grandes banques.

Autre mauvais élève, le Crédit Suisse n’a lui non plus pris aucun engagement en faveur de la réduction de ses investissements dans le charbon.

Du côté des banques britanniques, la facture des investissements dans le charbon s’élève à 36,7 milliards de dollars.

Pour l’heure,  l’Agence internationale de l’énergie (AIE) prévoit que la demande mondiale de charbon va continuer à croître d’ici à 2019, même si ce sera à un moindre rythme (+2,1 % par an) qu’entre 2010 et 2013 (+3,3 %).

Les négociations sur le changement climatique ont démarré en 1992, et sont marquées par une conférence internationale annuelle appelée Conférence des Parties, ou COP.

Après la COP 19 à Varsovie fin novembre 2013, le Pérou s'est chargé de la 20e conférence, à Lima, en décembre 2014.

Paris organise la 21e conférence, au Bourget, début décembre 2015, une conférence qui revêt une importance particulière. Comme à Copenhague en 2009, les États doivent trouver un accord pour donner suite au protocole de Kyoto, dont l'objet était de réduire les émissions de CO2 entre 2008 et 2012. L'enjeu est donc de trouver un cadre juridique contraignant ou non.

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