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Récit

En Allemagne, l'aviation militaire loin d'être opérationnelle

Berlin, qui a approuvé mardi son entrée dans la coalition anti-Etat islamique, assure qu'il y a suffisamment de Tornado à déployer en Syrie. Pourtant, la majorité d'entre eux sont cloués au sol pour des problèmes techniques ou pour maintenance.
par Nathalie Versieux, correspondante à Berlin
publié le 2 décembre 2015 à 12h41

Ursula von der Leyen s'est voulue rassurante. La fringante ministre allemande de la Défense a tout de même jugé les choses suffisamment sérieuses pour s'expliquer ce mercredi matin à 5 h 30 dans le journal télévisé très regardé de la chaîne publique ARD. «Trente de nos Tornado sont à même de voler. Il nous en faudra six pour les opérations de reconnaissance en Syrie. Nous avons de la marge.»

Les spécialistes Défense sont d’un autre avis. Vingt-neuf appareils à même de voler sur un total de quatre-vingt-treize… La majorité des appareils de la Bundeswehr, l’armée allemande, sont cloués au sol pour raisons techniques ou maintenance. Le problème, lancinant, a même empiré puisque, il y a un an, trente-huit appareils de la flotte étaient prêts à décoller pour partir en mission.

Le Tornado est un vieux modèle. La petite centaine d’avions de ce type dont dispose l’armée allemande a entre 23 et 34 ans. Le modèle est peu à peu remplacé par l’Eurofighter, dont seuls 55 % sont prêts à voler. La situation sur le front des Eurofighter a elle aussi empiré : il y a un an, 57 % du parc était en capacité de voler. Quant au Transall, qui transporte les troupes, 57 % d’entre eux sont opérationnels au lieu des 70 % visés par la Défense.

«La situation de notre système d’aviation reste insatisfaisante»

Que se passe-t-il avec le matériel lourd de la Bundeswehr ? La question est gênante pour le gouvernement, qui a approuvé mardi l’entrée de l’Allemagne dans la coalition anti-Daech pour un montant de 134 millions d’euros en 2016. Pour répondre à la demande de solidarité de la France après les attentats du 13 novembre, l’Allemagne enverra une frégate en renfort au porte-avions Charles-de-Gaulle, des Tornado et des avions de ravitaillement en vol pour les pilotes français. Le mandat doit être voté vendredi par le Bundestag (Chambre basse du Parlement allemand). Le vote, malgré l’opposition de Die Linke (parti de gauche), d’une partie des Verts et de 35 députés de la coalition CDU-SPD, est acquis, étant donné la confortable majorité dont dispose ces derniers au Bundestag.

Hasard du calendrier, la ministre doit s'expliquer ce mercredi devant la commission Défense du Bundestag. «L'Allemagne va contribuer de façon significative à la lutte contre l'Etat islamique, assure Ursula von der Leyen. Des avions de ravitaillement en vol, des satellites de reconnaissance et des Tornado, on ne trouve pas ça comme ça.»

«La situation de notre système d'aviation reste insatisfaisante», tranche pour sa part l'inspecteur général des armées, Volker Wieker, dans un rapport. Et ce malgré l'adoption d'un catalogue de 117 mesures pour un volume total de 5,6 milliards d'euros d'ici dix ans. «On ne peut attendre des résultats rapides», poursuit l'inspecteur, tout en pointant malgré tout des «améliorations» dans certains domaines. Pas pour l'aviation militaire en tout cas.

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