Le gouvernement russe est en train de régler les derniers détails de son programme d’éducation patriotique pour les années 2016-2020. Coût du projet, dont l’Agence fédérale russe pour la jeunesse (Rosmolodioj) a la charge : 2 milliards de roubles (plus de 28 millions d’euros), dont 1,7 milliard financé directement par le budget fédéral.

“Le programme poursuit des objectifs ambitieux : en cinq ans, augmenter de 8 % le nombre de Russes fiers de leur pays, et faire croître de 10 % le nombre de recrues dans l’armée russe”, rapporte le quotidien Nezavissimaïa Gazeta. Ce dernier objectif est motivé par la présence de “divers conflits armés à proximité des frontières de la Fédération de Russie”.

“Inculquer les bonnes valeurs”

Le programme s’adresse aussi bien aux bambins qu’aux étudiants. Il prévoit des projets musicaux et littéraires, mais aussi des dessins animés censés “inculquer les bonnes valeurs” aux moins de 6 ans, ou encore des cours d’histoire militaire de la Russie pour les adolescents. Le texte prévoit également de placer les écoles sous le patronage d’unités militaires.

Selon les fonctionnaires de l’Agence pour la jeunesse, le programme d’éducation patriotique précédent n’avait pas produit les résultats espérés, et “le niveau du patriotisme chez les Russes reste encore insuffisant”. Ils estiment également que le patriotisme devrait se manifester principalement par “le respect et la fierté de son pays et de son chef de l’Etat”.

Un patriotisme fanfaron

Ce programme éducatif essuie néanmoins des critiques. Pour Ilya Chablinski, professeur de droit, cité par le journal, il s’agit d’un “faux patriotisme”. Par patriotisme, les responsables politiques entendent la loyauté à l’égard du pouvoir”, dénonce-t-il.

“Les autorités s’en tiennent à l’idée que le patriotisme est une chose dont il faut faire étalage. Il doit se manifester par un soutien inconditionnel au gouvernement, et par de la haine à l’égard de la politique menée par les autres pays”, s’insurge Sergueï Mitrokhine, chef du parti Iabloko [parti démocratique d’opposition non représenté au Parlement], qui redoute que ce programme n’exacerbe encore plus chez les Russes “le sentiment de forteresse assiégée”.