Attentats : les liaisons radicales de Jawad, le logeur de Saint-Denis

Jawad Bendaoud, logeur des terroristes à Saint-Denis et unique mis en examen dans l'enquête française sur les attentats du 13 novembre, avait noué en prison des liens avec des islamistes radicaux.

Attentats : les liaisons radicales de Jawad, le logeur de Saint-Denis

    Il n'a peut-être pas encore livré tous ses secrets. Jawad Bendaoud, le logeur d'Abdelhamid Abaaoud, reste à ce jour le seul mis en examen en France dans l'enquête sur les attentats du 13 novembre. S'il est un délinquant notoire, celui qui a prêté l'appartement « conspiratif » pour « rendre service » ne faisait pas l'objet d'une surveillance particulière pour d'éventuelles sympathies jihadistes. Pourtant, selon nos informations, son incarcération passée a révélé des fréquentations avec au moins trois détenus considérés comme islamistes radicaux, dont un terroriste condamné en 2008 à neuf ans de prison pour un projet d'attentat en France à l'aéroport d'Orly, entre autres cibles.

    Condamné en 2008 pour coups mortels, celui que le Web a baptisé « le logeur de Daech » a connu quatre prisons différentes, dont celle de Val-de-Reuil (Eure). Dans cet établissement, où il était détenu entre 2010 et 2013, Jawad Bendaoud a fait la connaissance de Kaci Ouarab, incarcéré dans la même division.

    L'homme est loin d'être un inconnu de la justice et des services de renseignement. En 2005, il est arrêté pour sa participation au groupe terroriste Ansar al-Fath, fondé en France en 2003. A sa tête, Safé Bourada, l'un des cerveaux des attentats de 1995, et intime de Khaled Kelkal, terroriste islamiste abattu en 1995. Proche du GSPC algérien, Ansar al-Fath est alors suspecté d'avoir planifié des attaques à Orly, dans le métro parisien et au siège de l'ancêtre de l'actuelle DGSI. Considéré comme le lieutenant de Bourada, Kaci Ouarab est condamné à neuf ans de prison en 2008 pour association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste.

    Libéré en 2013, il ne met pas un terme à toutes les relations nouées en détention

    Les deux hommes n'ont pas fait que se croiser en cour de promenade. Logiquement signalé comme détenu radicalisé, les faits et gestes de Ouarab étaient surveillés de près par les agents pénitentiaires. « Cela a permis d'établir que Kaci Ouarab et Jawad Bendaoud se fréquentaient bel et bien », indique une source proche du dossier. Le logeur d'Abaaoud était également en contact, à Val-de-Reuil et à la même époque, avec deux autres prisonniers connus pour leurs penchants jihadistes : Mongi R. et Djaoued L., délinquants récidivistes condamnés, entre autres, pour des vols et des violences.

    Libéré fin septembre 2013, Jawad Bendaoud ne met pas pour autant un terme à toutes ses relations nouées en détention. En février 2014, l'administration pénitentiaire repère un groupe Facebook faisant l'apologie du terrorisme. Ses membres comptent d'anciens détenus de Val-de-Reuil. On y voit notamment des vidéos de groupes jihadistes s'entraînant dans le désert. Parmi les participants au groupe figurent Jawad Bendaoud, mais aussi Djaoued L., les deux ayant manifestement conservé des liens à l'extérieur. Pourtant, à aucun moment, Bendaoud n'a lui-même été signalé à l'administration pénitentiaire ou aux services de renseignements comme ayant épousé les thèses islamistes radicales.

    Ces épisodes du parcours carcéral de Bendaoud ont néanmoins été portés à la connaissance des enquêteurs antiterroristes dans les heures qui ont suivi le début de sa garde à vue. « A ce stade, aucun élément ne permet de faire le lien entre ces fréquentations et les événements du 13 novembre mais des vérifications sont menées », confie une source proche de l'enquête. « S'il a effectivement un profil de délinquant de cité, rien dans sa personnalité ne permet de le rattacher à une quelconque activité terroriste », insiste une source dans l'entourage du jeune homme. Condamné à plusieurs reprises, Jawad Bendaoud était toujours sous le coup d'une peine de sursis avec mise à l'épreuve lors de son arrestation. Sa dernière convocation devant le conseiller de probation était prévue le 27 novembre.

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