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Martha Gellhorn fait front

Les reportages de la grande correspondante de guerre (1908-1998) paraissent enfin en français : concis, hardis, superbes.

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Publié le 01 décembre 2015 à 11h50, modifié le 02 décembre 2015 à 15h59

Temps de Lecture 4 min.

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La Guerre de face (The Face of War), de Martha Gellhorn, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Pierre Guglielmina, Les Belles Lettres, « Mémoires de guerre », 506 p., 23 €.

Martha Gellhorn, 1941.

Ernest Hemingway fut le premier véritable amour de Martha Gellhorn. Elle fut aussi la seule femme à avoir la trempe de le quitter. La force de leurs deux personnalités menant au délitement de leur mariage, elle préféra le divorce, assénant à ce sujet  : « Je ne veux pas être une note en bas de page de la vie de quelqu’un d’autre. » Du jour où elle quitta ce second mari, elle cessa de prononcer son nom. Et travailla pour le sien  : Martha Gellhorn, première femme reporter de guerre. ­Enfin redécouverte, enfin traduite en français.

Quelle surprise dès les premières pages de son recueil de reportages La Guerre de face. Peut-être fallait-il être comme elle, jeune – née en 1908 dans le Missouri –, belle, américaine, protégée jusqu’alors de tout ou presque, pour sentir ainsi la guerre. De la dureté du monde, quand elle débarque dans Madrid assiégée, en 1937, Martha Gellhorn a déjà une petite expérience – un rapport qu’on lui a confié sur la misère pendant la Grande ­Dépression –, mais de la violence des armes, elle ne connaît rien. Et là voilà, fraîche et déjà acide, ramassant en quelques pages, pour le magazine Collier’s, l’ambiance d’une ville soumise aux tirs des troupes franquistes  : les queues devant les épiceries, les rumeurs, l’attente (« Attendre est un aspect très important de la guerre et c’est une chose très difficile à faire »), les tranchées en bordure de la cité, et bien sûr l’aléatoire des vies arrachées au coin d’une rue. Cette grand-mère, par exemple, qui traverse le square avec son petit-fils en se dépêchant  : « Vous savez ce qu’elle pense  : elle pense qu’elle doit ramener le petit garçon à la maison parce qu’on est toujours plus en sécurité chez soi, au milieu des choses que l’on connaît. » Mais non. L’obus tombe  : « La vieille femme reste sans bouger, tenant par la main l’enfant mort, le regardant avec un air idiot, ne disant rien. »

Une saynète, un paragraphe, deux au plus, et on passe à autre chose. Martha Gellhorn n’aime pas s’appesantir. Sa façon d’être à la hauteur du drame, qu’elle soit plongée en pleine seconde guerre mondiale, dans la guerre des Six-Jours ou le conflit vietnamien, ce sera toujours une affaire de rythme et de hardiesse, de sincérité et, curieusement, de sensibilité au climat – comme si l’atmosphère céleste et l’action humaine étaient liées par des connexions profondes. Barcelone, novembre 1938  : « Il faisait un temps idéal pour les bombar­dements. »

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