Espace Schengen : les contrôles aux frontières pourraient durer deux ans

Espace Schengen : les contrôles aux frontières pourraient durer deux ans

    Les contrôles frontaliers à l'intérieur de l'espace Schengen, normalement exceptionnels, vont-ils se banaliser? La possibilité d'en prolonger la durée jusqu'à deux ans est désormais sur la table avec la crise migratoire sans précédent en Europe depuis la Deuxième guerre mondiale. La question sera vendredi au menu d'une réunion des ministres de l'Intérieur de l'UE à Bruxelles.

    Au centre des critiques la Grèce, accusée de ne pas maîtriser l'afflux de migrants a demandé des«ambulances, camions, carburants, conteneurs, tentes et couvertures», et «surtout du personnel pour encadrer les hotspots (où doivent être enregistrés les réfugiés, Ndlr) et les camps d'accueil».

    En théorie, les seuls contrôles sont censés avoir lieu aux frontières extérieures de Schengen, où doivent être enregistrés les demandes d'asiles et d'où les migrants irréguliers doivent être renvoyés. Mais la tache est immense, avec quelque 886.000 migrants qui ont traversé la Méditerranée pour rejoindre l'Europe en 2015. La grande majorité l'ont fait par la Grèce, avant de continuer leur périple par les Balkans.

    Les défaillances du contrôle aux frontières de l'Europe ont été également mises en lumière par les attentats de Paris, après la découverte que deux des kamikazes du stade de France avaient été contrôlés le 3 octobre en Grèce sur le chemin des migrants.

    Une durée maximale de six mois

    Les frontières extérieures ne jouant plus leur rôle de filtres, des pays comme l'Allemagne, l'Autriche ou encore la Slovaquie, ont rétabli des contrôles à leurs frontières. Le code Schengen les y autorise, mais dans des circonstances exceptionnelles et pour une durée maximale de 6 mois. Du fait de cette limite, «certains Etats ne pourront plus le faire à partir de mars 2016», a souligné une source au sein de la présidence luxembourgeoise du Conseil de l'UE (qui réunit les Etats membres). C'est pour cette raison qu'elle a mis la question à l'ordre du jour de la réunion ministérielle de vendredi.

    Une disposition du code Schengen (son article 26) prévoit bien une prolongation jusqu'à deux ans «dans des circonstances exceptionnelles mettant en péril le fonctionnement global» de l'espace Schengen, «du fait de manquements graves persistants liés au contrôle aux frontières extérieures. Mais l'activation de cet article ne peut se faire qu'à l'issue «d'un long processus», a expliqué une source au Conseil. «C'est pourquoi il faut en parler dès maintenant», a-t-elle expliqué, précisant que les ministres n'auraient pas à voter vendredi sur ce sujet. La France avait rétabli le contrôle aux frontières à l'occasion de la COP21.

    La Grèce renvoie la balle à l'Union européenne

    La  Grèce a admis jeudi certains «retards et défaillances», mais dénoncé aussi des lenteurs européennes à assurer les concours promis à Athènes.  Le ministre à la politique migratoire Iannis Mouzalas a annoncé que la Grèce demandait l'activation du mécanisme européen de protection civile, pour mieux prendre en charge les arrivants.

    «Nous espérons que nos partenaires feront des offres généreuses au vu du climat de grogne actuel» contre le pays, a-t-il ajouté : Athènes a demandé des«ambulances, camions, carburants, conteneurs, tentes et couvertures», et «surtout du personnel pour encadrer les hotspots et les camps d'accueil».

    La Grèce avait démenti mercredi des informations du «Financial Times» selon lequel l'UE envisage de l'exclure de l'espace Schengen . Le pays n'en est pas moins sommé par l'UE de réaliser des progrès d'ici au sommet européen du 17 décembre. Le ministre grec Iannis Mouzalas a mis en cause l'absence de réponse européenne à des demandes grecques, notamment sur «un renfort de 1.600 policiers». Il a également reproché aux partenaires du pays de n'avoir offert jusque là que 295 places de relocalisation, sur les 66.400 prévues sur deux ans pour les réfugiés syriens, irakiens et érythréens.

    Mais il a aussi noté qu'il n'était pas si simple de renvoyer les migrants non réfugiés vers leur pays d'origine. Ainsi le Pakistan a refusé 30 des 49 migrants expulsés par avion d'Athènes mercredi dans une opération européenne conjointe, jugeant leur identité mal établie. S«i l'UE ne peut pas faire pression sur le Pakistan ou la Turquie, comment la Grèce le pourrait-elle?» a conclu Iannis Mouzalas.

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