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Fusillades: jouer à la roulette américaine

Jouer à la roulette américaine

J'habite aux États-Unis et j'ai peur. Pour moi et ma petite famille. Pour mes amis, aussi. Je n'ai pas peur tous les jours. Mais parfois. Ces tueries trop fréquentes rappellent qu'il est si facile d'être au mauvais endroit au mauvais moment. Combien le hasard peut nous placer dans la trajectoire d'une balle.

Un texte de Yanik Dumont Baron

Habiter aux États-Unis, c'est jouer à une version modifiée de la roulette russe. Appelons ça la roulette américaine. Un sombre « jeu » dans lequel les probabilités de mourir sont élevées. Bien plus élevées qu'ailleurs. Des fusillades, il y en a beaucoup dans les écoles. Mais aussi dans les cinémas, les églises, des cafés, des restaurants, des centres commerciaux, sur la rue. Bref, ça peut arriver n'importe où. Et n'importe quand.

Bien sûr, les probabilités d'être blessé, ou pire, tué, demeurent faibles. Mais le risque est tout de même bien plus grand aux États-Unis qu'au Canada, en France ou à peu près partout ailleurs sur la planète.

Des chiffres effarants

Vous connaissez sûrement ces statistiques. Une fusillade (au moins quatre blessés ou morts) chaque jour.

Les armes à feu ont fait plus de victimes (incluant les suicides) que l'ensemble des guerres auxquelles les Américains ont participé.

Oui, il y a des tueries dans d'autres pays. Mais aux États-Unis, c'est la fréquence qui est troublante. La plupart de ces fusillades, presque personne n'en parle. Tiens, vous saviez qu'il y a eu une autre fusillade (à Savannah, en Georgie) le jour même de celle de San Bernardino?

Ces fusillades sont devenues presque banales. Sauf pour ceux qui sont directement touchés. Et sauf lorsqu'elles font beaucoup de victimes. Et encore. Ce matin, à NPR, un invité suggérait que San Bernardino n'était pas une « fusillade ordinaire », comme les autres. Comme s'il y avait un modèle à suivre. Un moule.

Le quotidien reprend son cours

Bien des Américains ignorent ces fusillades. Ils ont bien sûr une pensée pour les victimes. Mais, rapidement, le quotidien reprend son cours. Comme si rien ne pouvait changer. Les Américains se détachent du problème. Choisissent d'ignorer les risques d'être, eux aussi, une victime. Ils vivent avec ce risque.

Ceux qui sont touchés par ces tueries ont beau remuer ciel et terre. Rien n'y change. Ou si peu. Même les talents oratoires du président Obama n'y parviennent pas.

« On ne peut pas laisser les professionnels s'attaquer seul au problème de ces horribles tueries », a-t-il lancé au lendemain de la fusillade de San Bernardino. Il s'adresse au Congrès. Et aux citoyens qui peuvent faire pression sur ces élus.

Comme bien d'autres, le président croit que les motifs d'une tuerie importent peu. Qu'il faut réduire les probabilités qu'il y en ait une prochaine. Peu importe pourquoi on tire dans la foule.

Mais trop d'Américains demeurent détachés. Surtout ceux qui ont le pouvoir d'agir. Après chaque grande tuerie, rien ne se passe. Ceux qui peuvent agir font une prière. Pour les victimes. Et peut-être aussi pour que leurs proches ne soient pas les prochains.

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