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Libération
COP21

Au Grand Palais, en avant pour le greenwashing

Les entreprises vendent leurs initiatives en faveur du climat dans une expo à Paris. Les ONG dénoncent leur hypocrisie.
par Gabriel Siméon
publié le 4 décembre 2015 à 16h32

«Le danger c'est pas nous, le danger c'est eux !» Voilà ce que scandaient vendredi après-midi une vingtaine de militants écologistes juste avant de se faire expulser du Grand Palais, à Paris, par le double de policiers en civil. Ce même jour était inauguré sous le dôme de verre le salon «Solutions Cop 21» où plusieurs dizaines d'entreprises, majoritairement françaises, viennent vanter jusqu'au 10 décembre leurs initiatives en faveur du climat.

Ces militants, issus de l'ONG les Amis de la Terre ou du collectif Jedi for climate, sont venus dénoncer le «greenwashing» (écoblanchiment) des multinationales, méthode par laquelle elles se présentent à tort comme les amies de la planète. «L'argent pour financer l'adaptation au changement climatique est là, juste à côté !», a lancé Sylvain Angerand, des Amis de la Terre, en désignant le stand d'Engie (ex GDF-Suez). Quelques minutes plus tard, le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll essuyait les critiques du groupe : «Si tu aimes le greenwashing, tape dans tes mains!»

Pour «Solutions Cop 21», le Grand Palais n'est pas très loin de l'image que ces militants décrivent. Sur 200 m², Engie y promeut tranquillement ses investissements dans les énergies renouvelables sans référence à ses trente centrales à charbon. Renault-Nissan est là aussi, avec sa Zoé électrique mais sans son PDG Carlos Ghosn qui, via l'association des constructeurs automobiles européens, s'est battu contre le durcissement des normes européennes anti-pollution. L'essentiel des stands est ainsi occupé par des «solutions» de ce genre défendues par Michelin, Sanofi, l'Oréal, Suez ou encore Coca-Cola, à grand renfort de spots vidéos ou de cadeaux.

«Les entreprises doivent pouvoir montrer leurs solutions, je préfère qu'elle s'exposent et que tout le monde en discute. Cela se verra si certaines sont vraiment dans une démarche de greenwashing. Elles ont tout à y perdre», défend Gilles Berhault, président du réseau Comité 21 qui co-organise l'événement. Parmi les «partenaires fondateurs» du Comité 21 : Engie, Ikea ou encore Avril, la société de Xavier Beulin, le président de la FNSEA (principal syndicat des agriculteurs), qui y présente sa gamme d'agrocarburants.

Autre initiative, plus modeste, celle de l’association le Rucher des Lilas, à qui la mairie de cette ville de Seine-Saint-Denis a confié la gestion d’un terrain pour y installer quinze ruches et sensibiliser sur la biodiversité. On croise aussi Rob Hopkins, le pionnier anglais des monnaies locales alternatives.

Une scène observée sur le stand du spécialiste du jambon de Paris Doumbéa résume les contradictions de ce salon. On y lit que les produit sont locaux et la fabrication artisanale, avant qu'un visiteur lance : «C'est pas une solution, ça. La solution serait de manger moins de viande.» Deux minutes plus tard, un autre s'approche en salivant : «Moi, je veux du jambon.»

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