Votre navigateur est obsolète. Veuillez le mettre à jour avec la dernière version ou passer à un autre navigateur comme ChromeSafariFirefox ou Edge pour éviter les failles de sécurité et garantir les meilleures performances possibles.

Passer au contenu principal

EnquêteQu'a fait Salah Abdeslam avant les attentats de Paris?

1 / 150
Dans le même quartier, trois tueurs arrivés dans une autre voiture font irruption dans la salle de concert du Bataclan. Ils évoquent l'action de la France en Syrie et en Irak avant d'abattre 89 personnes.Trois heures plus tard, des policiers d'élite donnent l'assaut. Les trois assaillants sont tués par l'explosion de leurs ceintures piégées. «C'est une horreur», déclare François Hollande.
Quatre ans après les attentats du 13 novembre 2015, les victimes se reconstruisent pas à pas, en attendant le procès. (Mercredi 13 novembre 2019)
L'avocat d'Abdeslam demande à ce que le procès où doit comparaître le seul survivant du commando des attentats de Paris, prévu lundi prochain à Bruxelles, soit reporté. D'autre part, «le transfèrement de Salah Abdeslam et sa remise aux autorités judiciaires belges est annulée», a affirmé de son côté sur son site internet la chaîne publique RTBF. Le prévenu ne sera pas extrait de sa cellule en France pour l'audience en Belgique. (13 décembre 2017)

Né à Bruxelles le 15 septembre 1989, mais de nationalité française (par son père), Salah Abdeslam a grandi et vécu à Molenbeek-Saint-Jean, une commune à forte population musulmane de l'agglomération bruxelloise. Il réside dans la maison familiale avec ses frères Brahim, un des kamikaze de Paris, et Mohamed, rapidement mis hors de cause.

Décrit comme «coquet» et «ni pratiquant, ni pieux», Salah fréquente «Les Béguines», le café tenu par Brahim où l'on consomme autant de «joints» que de bières.

A Molenbeek, les frères Abdeslam côtoient Abdelhamid Abaaoud, qui deviendra un agent de l'organisation l'Etat islamique (EI) en Syrie avant de coordonner les attentats de Paris et d'être tué lors d'un assaut des policiers au nord de Paris.

Début 2011, Salah Abdeslam est licencié de la Société des transports en commun bruxellois (STIB). Quelques mois plus tôt, en 2010, il avait été incarcéré pour une affaire de braquage dans laquelle apparaît également Abaaoud.

Début février 2015, Salah et un des ses frères sont brièvement arrêtés aux Pays-Bas pour possession de cannabis. Au début de l'année également, Salah et Brahim, qui a tenté de se rendre en Syrie, sont interrogés par la police. «Nous savions qu'ils étaient radicalisés et qu'ils pourraient se rendre en Syrie, mais ils ne montraient pas de signe d'une possible menace», a expliqué le parquet fédéral belge. Ils ne sont pas signalés à la France.

Signalé «radicalisé» en mai

En juin, les services de renseignement belges transmettent à la maire de Molenbeek une liste de 85 personnes «radicalisées» sur laquelle figurent notamment Abaaoud, les frères Salah et Brahim Abdeslam et un autre de leurs amis, Mohamed Abrini. Ce dernier, soupçonné de s'être rendu en Syrie en début d'été et qui aurait participé aux repérages à Paris, est l'objet d'un mandat d'arrêt international depuis le 24 novembre.

Le 4 août, Salah Abdeslam est contrôlé en Grèce alors qu'il embarque sur un ferry pour l'Italie, en compagnie d'Ahmed Dahmani. Ce Belge de 26 ans, soupçonné d'avoir lui aussi participé aux repérages, a été arrêté le 21 novembre en Turquie. Il se préparait à franchir la frontière avec la Syrie, selon des responsables turcs.

L'enquête a également démontré que Salah Abdeslam «s'était rendu à deux reprises à Budapest dans le courant du mois de septembre au moyen d'un véhicule de location».

Le 9 septembre, il a été contrôlé à la frontière entre la Hongrie et l'Autriche à bord d'une Mercedes, en compagnie de deux individus qui «faisaient usage de fausses cartes d'identité belges au nom de Samir Bouzid et Soufiane Kayal», selon le parquet belge.

A l'époque, le trio explique vouloir passer «une semaine de vacances en Autriche» et n'est pas inquiété.

Les enquêteurs français pensent que Salah s'est rendu en octobre dans le Val-d'Oise, au nord de Paris, pour y acheter des détonateurs. Des vérifications sont en cours.

Réserves des planques

Une semaine avant les attentats, Salah loue à Bruxelles une VW Polo noire, qui sera retrouvée devant le Bataclan, et une Clio, retrouvée dans le 18e arrondissement. Brahim loue une Seat noire, abandonnée à Montreuil, en banlieue parisienne, avec à son bord trois kalachnikovs et des munitions.

A Molenbeek, Mohamed constate que ses frères ne rentrent plus à la maison. Mais sa mère lui dit qu'ils «avaient trouvé un billet à prix cassé pour partir en vacances».

Salah et Brahim sont en fait occupés à réserver les planques de Bobigny et Alfortville, d'où partiront les commandos.

Le 11 novembre vers 19 heures, Salah Abdeslam et son ami Mohamed Abrini sont filmés dans une station-service à Ressons (nord de Paris) au moment où ils remontent vers Bruxelles. Salah redescendra le lendemain au sein du «convoi» amenant les commandos à Paris. Abrini disparaît.

Le 13 novembre, les routes de Brahim et Salah se séparent définitivement lors de leur départ de la planque de Bobigny. Brahim prend part au commando «des terrasses» et se fait exploser près du Comptoir Voltaire.

L'attentat raté du 18e

Salah est lui soupçonné d'avoir conduit les trois kamikazes du Stade de France. Il est ensuite localisé dans le 18e arrondissement, là où l'EI a fait état d'un attentat qui n'a jamais eu lieu, puis dans la banlieue sud, du côté de Montrouge, où un gilet d'explosifs sera retrouvé. A-t-il renoncé? A-t-il connu un problème «technique»?

Dans la nuit, il appelle à l'aide deux amis de Molenbeek, Mohammed Amri et Hamza Attou. A 9h10, le 14 novembre, ils sont contrôlés à Cambrai (nord de la France). Pas encore signalés, ils peuvent continuer jusqu'à Bruxelles.

Le samedi 14 vers 14h30, Salah est déposé à Schaerbeek, une commune du nord de Bruxelles, par son ami Ali Oukaldi. Il lui confie qu'il va «changer de tête», selon le quotidien Le Monde. Avant d'ajouter: «On ne va plus jamais se revoir».

La Belgique a inculpé et placé huit personnes soupçonnées d'avoir apporté une aide aux auteurs des attentats de Paris.

AFP