Des personnes enlacées le 20 novembre 2015 devant le Bataclan à Paris lors de l'hommage aux victimes

Des personnes enlacées le 20 novembre 2015 devant le Bataclan à Paris lors de l'hommage aux victimes.

afp.com/BERTRAND GUAY

Le temps de la compassion est-il terminé? Se réunir à République pour pleurer les morts des attentats du 13 novembre serait idiot et les jeunes gens faisant partie -terme approprié ou non- de la "génération Bataclan", incultes. Certaines opinions publiées dans la presse n'ont pas manqué de faire grincer des dents. Voire de choquer.

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Se recueillir à "Répu", manifestation de la "bêtise humaine"

"Toutes nos pensées vont (...) aux habitants de la place de la République devant endurer un week-end sur deux les témoignages de la bêtise humaine", écrit le critique musical Nicolas Ungemuth dans le Figaro Magazine du 4 décembre. Il prend notamment pour exemple les "demeurés" qui ont déposé des chaussures sur la place emblématique le 23 novembre à défaut de pouvoir marcher pour le climat, les "djihadistes verts" faisant référence aux échauffourées du week-end dernier ou encore les personnes venues se recueillir après les sanglants attentats du 13 janvier. "Il y a trois semaines, la 'génération Bataclan' -expression stupide- venait déposer fleurs, bougies et dessins place de la République, alors qu'il n'y avait eu aucune victime à cet endroit (imagine-t-on les Américains déposer des fleurs aux pieds de la statue de la Liberté après la destruction des Twins Towers?)". Peut-être compare-t-il ce qui n'est pas comparable?

Des jeunes rescapés incultes aux propos "consternants"

"On est accablé par la médiocrité petite-bourgeoise, l'insignifiance des propos tenus par les survivants de cette 'génération Bataclan' lorsqu'ils sont interrogés par les journalistes ou s'expriment sur les réseaux sociaux", juge pour sa part l'écrivain Gabriel Matzneff dans une tribune cette semaine publiée par LePoint.fr. Parmi les exemples, il cite celui, "consternant", d'une personne "qui déclare fièrement que son but dans la vie est de continuer à se distraire, à voir les copains, ces petits bourgeois qui tiennent pour un acte de courage de dîner au restaurant le vendredi soir". Des incultes, qui ne penseraient qu'à boire et à "partir en vacances", soutient l'auteur controversé pour avoir écrit, à propos de ses voyages en Asie, "les petits garçons de onze ou douze ans que je mets ici dans mon lit sont un piment rare".

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Les victimes, des "enfants de la génération bobo, en transe extatique"

Le 20 novembre dernier, ce sont les propos d'un homme d'église, publiés sur le site Riposte catholique, qui ont fait scandale. Dans sa tribune, le père Hervé Benoît place les terroristes et les victimes sur le même plan. Ce sont des "frères siamois", assure-t-il. Pour lui, les spectateurs du Bataclan, de "pauvres enfants de la génération bobo, en transe extatique" n'étaient pas bien différents de leurs meurtriers. "Même déracinement, même amnésie, même infantilisme, même inculture... Les uns se gavaient de valeurs chrétiennes devenues folles: tolérance, relativisme, universalisme, hédonisme... Les autres, de valeurs musulmanes devenues encore plus folles au contact de la modernité: intolérance, dogmatisme, cosmopolitisme de la haine...". Le prêtre, depuis sanctionné par sa hiérarchie, avait également jugé bon d'établir une autre comparaison, plus que douteuse: "130 morts, c'est affreux! Et 600 morts, c'est quoi? C'est le chiffre des avortements en France le même jour".

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