ELECTIONS REGIONALES - Au terme d'une campagne poussive et bousculée par les attentats du 13 novembre, les partis politiques peaufinent leurs éléments de langage. Ce dimanche 6 décembre, les électeurs sont appelés à voter une première fois pour désigner les 1757 conseillers régionaux et 153 conseillers territoriaux (Corse, Guyane et Martinique) parmi les 21.456 candidats répartis sur 17 régions et 171 listes.
Si l'issue de cette élection est encore très incertaine dans plusieurs circonscriptions-clés, une dynamique semble avoir été confortée par la tragédie des attaques de Paris et Saint-Denis: celle du Front national, dont la totalité des sondages réalisés depuis la mi-novembre constatent la forte progression, y compris dans des régions où le parti de Marine Le Pen est encore mal implanté.
Sauf contre-performance surprise, le FN imposera donc des triangulaires dans la totalité des régions métropolitaines et devrait plusieurs fois se classer en tête ce dimanche, obligeant la droite comme la gauche à se poser la question de leur maintien. Mais c'est une habitude: chaque état-major cherchera à se donner le beau rôle au soir du premier tour dans l'espoir de mobiliser son électorat et les abstentionnistes au second. Voici un premier aperçu de ce que vous devriez entendre dimanche.
FRONT NATIONAL, PREMIER PARTI DE FRANCE (BIS)
Vous avez déjà entendu le slogan? Préparez-vous à l'entendre de nouveau. A en croire la totalité des enquêtes d'opinion réalisées ces dernières semaines, le Front national a toutes les chances d'arriver en tête de la totalisation nationale des voix par parti au premier tour. Un coup d'éclat car le FN est l'un des rares partis à n'avoir pas scellé d'alliance, contrairement aux Républicains qui concourent aux côtés des centristes et du Parti socialiste associé au PRG.
Ce discours triomphaliste sera d'autant plus audible que le parti de Marine Le Pen devrait réussir à se classer en tête dans plusieurs régions métropolitaines, à l'image du Nord-Pas-de-Calais-Picardie ou de Provence-Alpes-Cote-d'Azur mais aussi en Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon ou en Bourgogne-Franche-Comté.
Toute la question est de savoir si le Front national parviendra à convertir cette avance de premier tour en victoires électorales au second. Pour l'heure, entre une et cinq régions semblent à sa portée, dont deux très sérieuses dans le Nord et dans le Sud-Est. Nul doute que Marine Le Pen insistera plus que jamais sur la dénonciation de "l'UMPS" pour renvoyer dos à dos ses adversaires.
LES RÉPUBLICAINS, PREMIER REMPART CONTRE LE FN
Pris en étau entre un Front national conquérant et un Parti socialiste qui refuse de s'avouer vaincu, Les Républicains auront une tache délicate dimanche soir: convaincre leurs électeurs de droite de ne pas céder aux sirènes du FN tout en appelant l'électorat de gauche au vote utile contre l'extrême droite.
Un grand écart à l'image des projections très contrastées que nous offrent les enquêtes d'opinion. Si elle parvient par endroit à se hisser en tête au premier tour, l'alliance Républicains-centristes devrait se classer en deuxième position dans la plupart des circonscriptions avec parfois de très faibles écarts avec le parti en tête.
Si ces simulations se confirment, il y a tout à parier que le parti de Nicolas Sarkozy battra le rappel de ses troupes et des électeurs socialistes en s'affichant comme le premier rempart contre l'extrême droite. Pas évident quand on a fustigé le front républicain à longueur de campagne tout en mordant sur le terrain de chasse du Front national.
PARTI SOCIALISTE, PREMIER PARTI DU TOTAL DE GAUCHE
La soirée électorale risque d'être rude pour le PS. Et pour cause: il est à peu près certain sûr de perdre sa suprématie sur les régions acquise en 2010. Fragilisé par la dispersion de la gauche et l'impopularité du gouvernement, le parti majoritaire est donné deuxième voire troisième dans la quasi-totalité des circonscriptions. Et si ces projections se confirment, il lui faudra déterminer s'il se retire au profit de la droite pour barrer la route au Front national.
Jean-Christophe Cambadélis, le patron du Parti socialiste, a déjà trouvé la parade: miser sur une agrégation des voix de gauche (PS + PRG + EELV + Front de Gauche) supérieure à celle de la droite et de l'extrême droite pour justifier le maintien de ses listes partout où elles le peuvent. Un argument qui a ses limites. Car les reports de voix des électeurs écologistes et communistes vers un Parti socialiste jugé trop libéral n'ont plus rien d'une évidence.
EELV / FRONT DE GAUCHE, PREMIERS PARTIS DE L'UNION
Alliés dans le Sud, concurrents en Ile-de-France, divisés dans le Nord, les écologistes et le Front de Gauche devront accorder leurs violons dimanche soir. Pour l'heure, nul ne sait si l'un ou l'autre parviendra à dépasser la barre des 10% synonyme de qualification pour le second tour. Une chose est sûre, après avoir défendu l'autonomie, la plupart des listes EELV et communistes devraient appeler à l'union de la gauche avec le PS, ne serait-ce que pour empêcher la droite et l'extrême droite de l'emporter.
Tout se jouera lors des négociations d'entre-deux-tous. Et la question du front républicain devrait toutefois rebattre les cartes: que faire si le PS arrive troisième derrière un FN en tête? La patronne d'EELV, Emmanuelle Cosse, n'exclut pas un sabordage des listes de gauche. Jean-Christophe Cambadélis hésite, Jean-Luc Mélenchon le rejette.