C’est le petit jeu de ceux que les dimanches soirs électoraux passionnent : chercher et apprendre, avant 20 heures, les résultats des scrutins. Pourquoi 20 heures ? Parce que certains bureaux de vote ferment à 18 heures ou 19 heures. Il ne faut pas altérer la sincérité du scrutin pour ceux qui votent jusqu’à 20 heures. Du coup, il est illégal de diffuser des résultats – ou plutôt les chiffres des sondages – avant la fermeture du dernier bureau. Vous ne trouverez donc pas de journalistes français qui se risqueront à braver la loi : les sanctions financières ont de quoi dissuader (jusqu’à 75 000 euros dans le cas de la publication d’un sondage).
Libération ne s'y risquera donc sans doute pas, même si nous estimons que l'Internet a mis un sacré coup de plomb dans l'aile d'une loi qu'il conviendrait d'adapter au XXIe siècle. (A propos, si vous n'êtes pas abonnés à notre suivi des régionales sur WhatsApp, je vous le conseille, il y aura plein de choses surprenantes…)
En effet, nous, comme les autres sites d'information, allons regarder passer les articles et les tweets de ceux qui ne sont pas soumis à cette règle. D'abord ceux des journaux étrangers et francophones (nos confrères belges du Soir et suisses du Matin par exemple). Ensuite, bizarrement, ceux des politiques français, à commencer par certains «ténors » de la politique spectacle : Nadine Morano ou Hervé Morin, comme le rappelle Metronews, nous ainsi avaient gratifié d'une de leurs célèbres saillies en 140 signes et dévoilé illégalement des résultats lors des municipales de 2014. Sans être sanctionnés.
Mais ne croyez pas pour autant que les réseaux sociaux ne sont pas soumis à la loi. Il faut donc faire preuve de prudence en publiant des chiffres avant l’heure fatidique. Une double prudence même :
1. En diffusant ou relayant des résultats sortis d'urnes ou des sondages sur Twitter, Facebook, etc, vous tombez sous le coup de la loi.
2. Pas la moindre : en lisant ces chiffres. En effet, les premiers qui circuleront sur les réseaux sociaux ou les sites, même codés (souvenez-vous du hashtag #radiolondres, qui avait égayé les soirées électorales de 2012, ou des métaphores météorologiques des derniers scrutins) aux alentours de 18h30-19h30 seront des premières estimations des instituts de sondage.
Ces données ne sont pas les plus fiables, surtout quand les résultats sont serrés. Elles viennent généralement des sondeurs, transmises aux journalistes et aux politiques, qui font tourner. D’expérience, on sait qu’ils peuvent être mal recopiés, évoluer en cours de soirée, etc. On a même vu circuler ces dernières années des chiffres complètement farfelus, à la provenance douteuse. Vers 19h30, les sondeurs vont affiner leurs modèles, les chiffres seront sans doute plus précis, mais là encore, méfiance… Le type de scrutin et les écarts de voix peuvent tout changer.
Ne tenez donc pas pour acquis, avant 20 heures, les données que vous trouverez sur les réseaux sociaux et les sites d’infos…