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"La Région est rarement un tremplin politique"

INTERVIEW - Pascal Perrineau, professeur à Sciences-Po, relativise le poids politique des futurs 13 grands locaux.

Nicolas Prissette , Mis à jour le
Pascal Perrineau, professeur à Sciences-Po.
Pascal Perrineau, professeur à Sciences-Po. © Sipa

Il n'y aura plus que 13 régions. Cela donne-t-il un poids politique majeur aux futurs présidents?
Je ne le crois pas. Pour plusieurs raisons. Parmi les collectivités locales, la Région est la dernière-née. Elle n'a ni l'épaisseur historique ni la légitimité, bien ancrée, des ­départements et des communes. Or les grandes carrières se font souvent à partir d'une implantation solide, comme pour Jacques Chirac à la mairie de Paris ou François Mitterrand dans la Nièvre. Le premier scrutin régional remonte seulement à 1986, c'est-à-dire hier. Le moment de la naissance est toujours important en politique. Or la région est née dans l'ombre des communes et des départements, dont les réseaux sont puissants et qui n'ont que peu lâché leurs pouvoirs. Par exemple, les listes soumises aux électeurs aujourd'hui restent segmentées par département. Et le poids économique des Régions est plus faible que celui des autres strates.

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"Leur notoriété reste très locale"

Cette élection ne serait pas un tremplin?
Les Français connaissent mal les hommes et les femmes qui dirigent les Régions. Leur notoriété reste très locale. La plupart d'entre eux accomplissent des mandats remarquables sans que leur parcours régional ne transforme leur capital local en capital national. Les compétences d'Alain Rousset (Aquitaine) en économie ou de François Patriat (Bourgogne) dans la formation n'ont pas été utilisées à plus grande échelle. La Région a souvent été présentée comme la collectivité de l'avenir, alors qu'elle a pu servir de point de chute à des hommes politiques qui avaient déjà fait leur carrière comme Valéry Giscard d'Estaing, Jacques Chaban-Delmas, Olivier Guichard, René Monory, etc.

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Pourtant, cette fois-ci, des présidents de parti, d'éventuels candidats à l'Élysée, d'ex-ministres encore jeunes, des quadras se présentent…
La réforme donne une nouvelle envergure aux Régions. Cela attire des personnalités de rang national. Une thèse voudrait que les barons locaux deviennent des poids lourds. Il faut raison garder : nous les verrons à l'épreuve lorsque ceux-ci devront faire un choix avec d'autres fonctions. Dans l'Histoire, la scène régionale est rarement une rampe de lancement. Seule Ségolène Royal est parvenue à être identifiée fortement au Poitou-Charentes avant d'être candidate à la présidentielle, tout comme Jean-Pierre Raffarin avant de devenir Premier ministre.

Les Français ont-ils la tête aux régionales?
Les Français ne se sont pas approprié cette collectivité. On le voit dans les enquêtes d'opinion : certains ne connaissent pas le nom de leur région. Cela se traduit par un relatif désintérêt. L'abstention avait atteint 54% en 2010. Mais la participation était plus forte par le passé, quand l'élection se déroulait en même temps que d'autres scrutins, législatives ou cantonales.

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"Se rendre au bureau de vote, c'est faire communauté civique"

En plein état d'urgence, la campagne s'est terminée autour de thèmes nationaux. S'agira-t-il d'un vote local ou national?
Les sondages laissent attendre une remontée de la participation. Les électeurs savent que c'est la dernière fois qu'ils vont aux urnes avant la présidentielle de 2017. Se rendre au bureau de vote, c'est faire communauté civique. Participer au rituel électoral, c'est un signe d'engagement citoyen au moment où l'état d'urgence interdit de défiler.

Que change le mode de scrutin?
La proportionnelle a été instaurée pour éviter que le Front national ne perturbe le jeu de formation des majorités. La liste arrivée en tête aura une prime de 25% des sièges, pour ne pas avoir besoin de passer des accords. Il n'y a plus de troisième tour. La liste arrivée troisième peut se désister en appelant à voter pour une autre. Ou proposer une fusion autour d'un contrat de gouvernance régionale, ce que permet la loi. D'ailleurs, les assemblées régionales dégagent souvent des majorités d'idées, on constate dans certaines Régions que 70% des votes dépassent le clivage droite-gauche. Il n'y a pas 36 manières de gérer des TER.

Retrouvez les résultats des élections régionales

Source: JDD papier

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