Menu
Libération
Analyse

Chez Les Républicains, l’échec de la stratégie Sarkozy

Régionales 2015dossier
L’ex-chef de l’Etat misait sur la «droite décomplexée» pour faire reculer le Front national. La défaite de dimanche ne l’a pas empêché de se prononcer contre toute coalition avec la gauche.
par Alain Auffray
publié le 6 décembre 2015 à 21h21
(mis à jour le 6 décembre 2015 à 21h56)

Jusqu'au bout, Nicolas Sarkozy a martelé que les sondages se trompaient, une fois de plus. Il en était sûr et certain  : le vote Front national était surévalué tandis que le vote en faveur des candidats de l'alliance de la droite et du centre était sous estimés. On allait voir ce qu'on allait voir. Les électeurs ­allaient infliger à la gauche une mémorable correction, tout en démontrant que son parti, Les Républicains (LR), était bien «le premier parti de France».

Pour l'ancien chef de l'Etat, l'hypothèse d'un FN dépassant la droite ou faisant jeu égal avec elle était insupportable. Car elle signe son échec, lui qui se disait en mesure de faire reculer l'extrême droite en assumant sa ligne de «droite décomplexée». Pour Sarkozy, le scénario des régionales devait être une réédition de celui des départementales. Alors que tous les instituts donnaient l'UMP et le FN au coude-à-coude autour de 30 %, le scrutin du 22 mars s'était soldé par une nette victoire de la droite, devançant l'extrême droite de plus de cinq points. Il n'en a rien été dimanche. Devancé dans six régions par le FN et dans deux régions par le PS, LR ne vire en tête que dans cinq régions métropolitaines. A droite, même les plus pessimistes n'avaient pas osé imaginer un tel scénario.

Compliqué

La défaite est particulièrement sévère pour Xavier Bertrand (Nord-Pas-de-Calais-Picardie) et pour Christian Estrosi (Paca) qui comptent tous deux plus de 15 points de retard sur le FN. Même s’ils se sont empressés de refuser la fusion de listes que leur proposent les socialistes, les deux ex-ministres ne sont pas en position de force pour imposer leurs conditions. Plusieurs candidats LR-UDI dont la victoire était jugée quasi certaine il y a quelques semaines encore sont en difficulté. C’est le cas des deux centristes Philippe Vigier (Centre-Val-de-Loire) et François Sauvadet (Bourgogne-Franche-Comté), tous deux devancés par le FN et talonnés par la gauche, ce qui laisse présager un deuxième tour très compliqué.

Toute la journée de dimanche, les responsables de LR avaient surveillé avec inquiétude l’évolution du taux de participation. Quand ils ont constaté qu’elle était nettement supérieure à ce qui était annoncé par les instituts de sondages, ils ont cru pouvoir être rassurés. Dans les deux régions où la victoire du FN était jugée la plus probable, Paca et Nord-Pas-de-Calais-Picardie, les hausses de participation sont de 9,5 % et de 8 % par rapport aux régionales de 2010.

A l'évidence, cette surmobilisation a essentiellement profité au FN et non pas à la droite républicaine. «Vu le nombre de personnes qui n'ont pas osé me regarder en face aujourd'hui dans mon propre village, je suis assez inquiet», confiait à Libération un parlementaire LR de Bourgogne.

Pas de fusion

Peu après 20 heures, Sarkozy s'est exprimé au siège de LR, rue de Vaugirard. Selon lui, le «message» des électeurs est «clair»  : «La République ne doit plus reculer.» Tout en soulignant que le FN n'a «aucune réponse» aux problèmes des Français et que son arrivée au pouvoir dans les régions ne ferait «qu'aggraver la situation», le président de LR a estimé qu'il fallait entendre l'exaspération de ceux «qui n'y arrivent plus» et qui ont peur de «perdre leur identité et leur mode de vie». Cela dit, Sarkozy a répété qu'il n'était pas question pour lui de négocier avec le PS des fusions de listes pour faire barrage au FN. Il avait été devancé par Xavier Bertrand qui, sans attendre la consigne du chef, a affirmé depuis Tourcoing que sa «liste de rassemblement» était la seule alternative possible.

Pour aller plus loin :

Dans la même rubrique