Un grand vainqueur après le premier tour des élections régionales en France. Le Front national a réalisé une percée historique le 6 décembre avec un score national proche des 30 %. Il devance les listes Les Républicains-UDI-Modem (26,2 %) et le PS et ses alliés (23,2 %).

Le parti de Marine Le Pen arrive en tête dans au moins six régions, dont la Provence-Alpes-Côte d’Azur (Paca) et le Nord-Pas-de-Calais-Picardie.

En Italie, la presse n’est pas totalement surprise par ce succès. Le Corriere della Sera souligne que le scrutin a eu lieu peu de temps après les attentats terroristes à Paris le 13 novembre.

 
Derrière son succès, il n’y a pas seulement la demande de mesures fortes sur l’immigration et d’une lutte sans merci contre les terroristes – pour lesquels Marine invoque le retour de la guillotine. Il y a aussi l’angoisse d’une nation habituée à l’hégémonie qui sent désormais qu’elle ne compte plus pour grand-chose.”

Et tandis que le premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis a annoncé le retrait des listes socialistes en Paca et dans le Nord, la chef du parti d’extrême droite a poursuivi son projet de dédiabolisation du Front, note le quotidien de Milan, qui qualifie le discours de Marine Le Pen de “gaulliste”.

 
Elle a même parlé de ‘grandeur’, comme le faisait le général. Un retournement total pour un parti qui a toujours considéré les gaullistes comme ses ennemis naturels. Cinq minutes plus tôt, le dernier héritier de cette famille politique, Nicolas Sarkozy, refusait toute alliance avec la gauche contre le FN : pour lui, Hollande et les Le Pen sont pareils. Ainsi commence une toute nouvelle ère de l’histoire française et européenne.”

La Stampa, de son côté, identifie une évolution politique nouvelle mais commune à la France et à l’Italie, à savoir un “inédit dosage entre recettes de droite et de gauche”, qui lui rappelle “le populisme transversal du Mouvement 5 étoiles”.

Le discours est plus tranché sur le site d’Il Giornale, le quotidien de la famille Berlusconi. Sur son blog, le journaliste Francesco Maria Del Vigo, qui vient de publier un livre sur le leader de la Ligue du Nord, ne cache pas sa joie. Pour lui, le premier tour des régionales en France constitue “une victoire culturelle”, réalisé par un mouvement “snobé par les salons de la rive gauche”.

 
Les imprésentables ont gagné. La société ‘incivile’. La vérité, c’est que les Français en ont eu marre : du politiquement correct, du mépris de la gauche caviar, de l’onanisme des intellectuels qui n’ont jamais fait un tour en banlieue, de la dictature du multiculturalisme, et d’une politique inadaptée à cette époque, qui répond aux vents guerriers par ses éternelles litanies pacifistes de vieux hippies.”

Le président français a compris cela, estime le journaliste et a tenté de s’inspirer des “recettes du Front après le 13 novembre”. “Mais l’original sera toujours préféré à la copie, et c’était trop tard.”