REGIONALES - Le Parti socialiste tient sa pomme de discorde. Au lendemain de résultats moyens au premier tour des élections régionales, tous les regards se tournaient vers l'Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine où une question se posait avec insistance: arrivé troisième le candidat Jean-Pierre Masseret se retirera-t-il du second tour? Visiblement, ce ne sera pas le cas.
Avant même la réunion prévue avec ses têtes de listes départementales, le sénateur socialiste avait annoncé son intention de rester. Il avait jusqu'à mardi 18h et la clôture du dépôt des listes pour le second tour pour changer d'avis mais a annoncé dès le début d'après-midi, à l'issue de cette réunion, qu'il ne le ferait pas: "On a le devoir de dire à nos concitoyens que nous serons présents, nous ne lâcherons rien" a-t-il dit en annonçant le maintien de sa candidature (voir la vidéo en haut de cet article).
Lundi matin, sur RTL, Jean-Christophe Cambadélis avait appelé Jean-Pierre Masseret, président sortant de la région Lorraine, à se désister et respecter ainsi la consigne nationale: quand le total des voix de gauche ne permet pas d'espérer l'emporter et que le FN est en position de gagner, le PS retire sa liste quand bien même cela signifie qu'il n'y aura aucun élu dans cette région pendant la prochaine mandature.
C'était donc compter sans l'obstination de Jean-Pierre Masseret, même si ses chances de victoire semblent infimes voire nulles. Avec 16,1% des voix au premier tour, l'ancien secrétaire d'Etat aux Anciens combattants (époque Jospin) a obtenu le plus faible score d'une tête de liste socialiste. Devancé de 10 points par le candidat Les Républicains (Philippe Richert), il accuse même un retard de 20 points sur Florian Philippot, favori FN de cette triangulaire.
En tenant tête à la direction du PS qui dit avoir pris la décision de se retirer à l'unanimité, Jean-Pierre Masseret prend le risque de se faire sanctionner; il en a techniquement la possibilité puisque c'est à lui (et non à la direction du parti) qu'il revient de déposer la liste; ce qu'il a fait lundi en milieu d'après-midi. Cela impliquerait toutefois que d'ici au second tour, il perde l'étiquette socialiste.
Les électeurs du Grand Est seraient alors les acteurs d'un scénario improbable où Solférino appellerait à voter pour la droite malgré la présence d'un candidat de gauche.
À plus long terme, c'est sa présence même dans les rangs socialistes qui est en jeu. Une procédure de sanction est parfaitement envisageable. "C'est même automatique, précise Corine Narrassiguin, la porte-parole du PS. Dès lors qu'un candidat entre en dissidence, il est exclu même si cela doit passer par un vote formel du bureau national puis du conseil national."
"Quand on se retire, le FN est plus fort"
Alors pourquoi le socialiste lorrain s'obstine-t-il dans une telle décision? Dimanche soir, il expliquait qu'un désistement serait "absurde" et même contre-productif. "Quand on se retire, le FN est plus fort", affirme-t-il, cité par Europe 1. À la radio, il explique aussi que lui demander de se retirer c'est "lui manquer de respect". Une déclaration que comprend le frondeur Laurent Baumel.
Plus largement, pour Jean-Pierre Masseret, la résistance au Front national passe par une présence au conseil régional, même dans l'opposition, quitte à être accusé de vouloir sauver quelques places. "Je suis un homme de gauche et vous n'imaginez quand même pas que je vais laisser 5,5 millions d'habitants gérés entre une droite qui est partie à l'extrême ou l'extrême droite nationaliste", déclarait-il dans la foulée des résultats (voir vidéo ci-dessous).
"Les discussions se poursuivent ce matin avec les responsables socialistes locaux. Je ne vais pas spéculer sur ce qu'il se passera d'ici à demain soir mais pour éviter la confusion, il serait bon que la situation se règle, par un désistement, le plus vite possible", espère-t-on au siège du PS.