Les femmes au foyer pour libérer des emplois : la proposition hallucinante d'un eurodéputé FN

Publié le Lundi 30 Mars 2015
Charlotte Arce
Par Charlotte Arce Journaliste
Journaliste en charge des rubriques Société et Work
L'eurodéputé Front national Dominique Martin
L'eurodéputé Front national Dominique Martin
Mardi 24 mars, en pleine commission de l'Emploi et des Affaires sociales du Parlement européen, l'eurodéputé frontiste Dominique Martin a lancé une proposition hallucinante de sexisme : donner aux femmes "la liberté de ne pas travailler" pour "s'occuper de leur foyer" et "donner une meilleure éducation aux enfants". Bienvenue en 2015.
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Au Parlement européen, le Front national ne se contente pas de voter chaque année contre le texte portant sur l'avancée de l'égalité hommes-femmes au sein de l'Union. Il se permet aussi de proposer aux autres eurodéputés de renvoyer les femmes à leur vraie place, à savoir à la maison. La preuve avec Dominique Martin.


Mardi 24 mars, cet élu frontiste, qui siège au Parlement de Bruxelles depuis mai 2014, a émis une proposition pour le moins ahurissante alors que se tenait la commission de l'Emploi et des Affaires sociales.


Alors que les eurodéputé(e)s s'interrogeaient sur des mesures pour garantir l'égalité salariale, la représentation des femmes aux postes de cadres, ou encore leur accès au marché du travail au sein de l'Union européenne, Dominique Martin a très sérieusement émis la proposition, rapportée par Le Figaro , de laisser aux femmes "la liberté de ne pas travailler" et de "rester chez elles."


Prônant le droit des femmes de "s'occuper de leur foyer", l'eurodéputé a clairement pris parti contre la politique menée en France et en Europe pour favoriser l'égalité entre les femmes et les hommes, notamment face à l'emploi.


"Égalité des chances et de traitement entre hommes et femmes. Évidemment, pourquoi pas, difficile de s'y opposer, a commencé Dominique Martin devant la commission. Mais à aucun moment je n'entends parler d'égalité à la liberté. Et notamment de la liberté des femmes à ne pas travailler."


"Vous en connaissez tous, a continué l'élu frontiste. Toutes ces femmes qui vont travailler à temps partiel pour 8-900 euros par mois [...] Croyez-vous qu'elles le fassent pour s'épanouir? Pour entrer dans la vie active? Pour être l'égal de l'homme ? Non elles le font parce qu'il manque entre 900 et 1100 euros pour subvenir au besoin du foyer. Et c'est ça qui est inacceptable."

Les femmes à la maison pour mieux "sécuriser les rues"

Pas décontenancé pour un sou par les commentaires indignés des autres eurodéputés présents dans l'hémicycle (dont de nombreuses femmes), Dominique Martin s'est montré défavorable à l'idée de "supprimer toute pratique de discrimination de genre" à l'embauche et pour l'avancement des carrières, au nom du droit des femmes à ne pas travailler. Probablement pour s'occuper des repas des enfants et masser les pieds de leur mari quand il rentre à la maison.


"J'aimerais bien que l'on développe la possibilité, que l'on laisse la liberté aux femmes de s'occuper de leur foyer, notamment par un salaire parental d'éducation... À égalité avec les hommes, si vous voulez", a-t-il poursuivi, ironique.


Mais le raisonnement de Dominique Martin ne s'arrête pas là. Persuadé que renvoyer les femmes à la maison aura des conséquences positives sur l'emploi (des hommes, évidemment), il compte aussi sur les mères de famille pour reprendre les rênes de l'éducation vacillante des enfants. "Ça aurait l'avantage de libérer des emplois, ça aurait l'avantage de donner une meilleure éducation à nos enfants, ça aurait l'avantage de sécuriser nos rues parce qu'ils ne traîneraient pas dans nos rues et ne seraient pas soumis à la drogue. Et je peux vous dire que Cléopâtre, Indira Gandhi, madame Thatcher, madame Merkel n'ont pas attendu vos rapports."


Et Dominique Martin de terminer son intervention parce qu'il juge certainement être une maxime on ne peut plus spirituelle : "Et pour conclure je voudrais rappeler que les femmes viennent de Vénus et que les hommes viennent de Mars."

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