Régionales 2015 : les quatre questions qui fâchent

Au lendemain du premier tour, c'est l'ensemble de la classe politique qui doit se poser les bonnes questions face à la flambée du FN.

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Nicolas Sarkozy s'est toujours présenté comme le meilleur rempart contre la montée du FN. Un argument balayé par les électeurs dimanche soir. 
Nicolas Sarkozy s'est toujours présenté comme le meilleur rempart contre la montée du FN. Un argument balayé par les électeurs dimanche soir.  © AFP

Temps de lecture : 5 min

Les partis traditionnels se réveillent avec une bonne gueule de bois au lendemain du premier tour des régionales. L'urticaire sécuritaire et islamophobe du pays pose de nombreuses questions qui dérangent la classe politique, à droite comme à gauche.

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1. Hollande est-il digne de se représenter en 2017 ?

Certes, il n'est jamais facile d'être le président de la République d'un pays qui n'a réglé aucun des problèmes qui le minent depuis quarante ans : endettement lourd, fiscalité assassine, crise d'autorité qui frappe jusqu'aux enseignants, dévastation industrielle par les pays émergents et le modèle allemand, incapacité à récompenser l'initiative qui provoque la fuite des jeunes cerveaux. Sans compter le pourrissement des quartiers à forte immigration devenus des ghettos soumis à tous les trafics et à l'influence des salafistes.

François Hollande n'est pas à l'origine de tous les problèmes, mais il n'a pas voulu en prendre la mesure au début de son quinquennat à la suite d'une campagne 2012 trop légère. Son désaveu se lit d'élection en élection, même s'il n'a pas été au centre de la campagne des régionales, en vérité complètement occulté par les dramatiques attentats de Paris. François Hollande a déclaré la guerre au terrorisme. Il aurait pu déclarer la guerre au déclassement du pays dès son premier jour de mandat. Nous sommes le dernier pays en Europe où le chômage progresse...

Pour autant, avec un socle à 23 % au niveau national, le président peut désormais envisager de se qualifier au deuxième tour de la présidentielle face à Marine Le Pen, quasiment certaine de s'y maintenir. Les attentats et l'effet de "représidentialisation" à gauche ont profité au chef de file des socialistes en dépit de résultats économiques décevants. Néanmoins, d'ici à 2017, le soufflet patriotique à gauche sera peut-être retombé. Et que se passera-t-il dans l'opinion si, comme il faut le craindre, de nouveaux attentats terroristes ensanglantent la France ?

2. Nicolas Sarkozy est-il encore le meilleur "rempart" contre Marine Le Pen ?

Le moins que l'on puisse dire, c'est que le premier tour des régionales a assommé le patron des Républicains. Lui qui se définit comme le meilleur rempart contre l'envol de Marine Le Pen n'a pas réussi à retenir une partie non négligeable des électeurs UMP qui ont basculé au FN. Le contexte des attentats, et, avant lui, celui des migrants aux portes sud et est de l'Europe, a nettement créé une prime au parti qui, depuis des années, harangue sur le thème de l'immigration et de l'islamophobie. Le FN encaisse le salaire de la peur. Nicolas Sarkozy, qui a pourtant musclé son discours, n'a pas convaincu.

La question se pose de manière cruelle : est-il encore le meilleur casting pour la droite ? Le pays glisse vers une radicalisation droitière, mais le parti dirigé par Nicolas Sarkozy n'est plus celui qui en profite. D'autant plus que Les Républicains seront gênés aux entournures par leur allié centriste, UDI et MoDem. Si Sarkozy décide d'aller encore plus loin sur les thèmes du FN, il risque de perdre son allié, ce qui lui coûtera 7 ou 8 points et ne lui permettra plus d'être qualifié au second tour. De ce point de vue, même s'il devait gagner la primaire de la droite et du centre, il s'expose au risque d'une candidature de François Bayrou qui éliminerait la droite du second tour de la présidentielle.

Nicolas Sarkozy a un problème urgent à régler : il doit absolument faire redescendre le score de Marine Le Pen aux alentours de 25 % s'il veut avoir une chance de l'affronter au deuxième tour. Pour l'instant, elle peut espérer les 30 %... Un "21 avril à droite" en 2017 serait un cataclysme et l'amorce d'une recomposition totale du paysage politique. Attention : c'est peut-être au fond ce que veulent les électeurs de droite...

3. La multiplication des erreurs de casting ?

La gauche a été laminée dans des régions où elle s'est laissé totalement ensevelir d'année en année. Dans son ancien fief du Nord, Martine Aubry a trouvé malin d'envoyer au combat régional Pierre de Saintignon, inconnu au bataillon. Qu'est devenu l'héritage de Pierre Mauroy ? La succession de Martine Aubry commence aujourd'hui. Le Sud, en Paca, a donné jadis au PS de grandes figures comme Gaston Defferre. Qui peut se réclamer de cet héritage ? La gangrène des affaires Guérini a pourri la situation durant des années. Naturellement, Christophe Castaner, un illustre inconnu bombardé tête de liste après l'échec de Patrick Mennucci aux municipales, a été balayé. À droite, la candidature du politologue Dominique Reynié démontre à quel point il est difficile de passer de la théorie à la pratique : à 18,84 %, Reynié a déçu. Imposé par Sarkozy aux caciques locaux, Reynié n'en a fait qu'à sa tête et se réveille avec un sacré mal de crâne...

Les têtes de liste centristes, François Sauvadet en Bourgogne-Franche-Comté (24 %) et Philippe Vigier en Centre-Val de Loire (26,25 %), n'ont pas été de nature à rassembler les électeurs Républicains. Christian Estrosi, enfin, en Paca, peut être déçu de son score. Sur des terres qui offraient les meilleurs scores à Nicolas Sarkozy en 2012, le maire de Nice a été dominé par Marion Maréchal-Le Pen, qui fait figure, qu'on le veuille ou non, de "renouveau" de la classe politique. L'expérience d'Estrosi n'a pas suffi. Peut-être l'a-t-elle même lesté face à ce jeune visage sans bilan ?

4. Des régionales, mais pour quoi faire ?

La réforme territoriale, si chaotique, a accouché de nouvelles grandes régions aux identités troubles. Elle a surtout accru la distance entre l'élu et son électeur au moment où il faudrait au contraire les rapprocher. Les candidats têtes de liste n'étaient plus issus d'un terroir fort et traditionnel comme l'Alsace-Lorraine. Cela a beaucoup nui aux notables de la droite et du centre qui, dans les scrutins locaux, bénéficient de cette reconnaissance, comme aux départementales où l'alliance UMP-UDI avait résisté à la vague FN.

Le contexte des attentats n'a pas non plus créé un climat très serein. La campagne a été écourtée. Les Français ont voté sous le coup d'une émotion qui n'est pas encore passée. On peut penser que le FN a pu grignoter 4 à 5 points sur ce choc et le PS, mieux résister que prévu à 1 ou 2 points. Résultat : Les Républicains et les centristes sont pris en sandwich. Il va leur falloir sortir de ce piège avant 2017. Les Républicains doivent impérativement résoudre trois questions : quel cap ? Quel champion capable d'incarner le renouveau de la classe politique ? Et que faire pour que cet allié centriste ne soit pas, à la fin, un handicap ?

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Commentaires (55)

  • max37

    Tous ces hommes politiques n’ont pas encore compris qu’ils devraient plutôt faire profil bas en ce moment. Tout ce qu’ils peuvent dire est contre-productif, les français sont excédés de leurs discours auxquels ils ne croient plus depuis belle lurette.
    Il y a longtemps que les élections ne se jouent plus sur les idées, mais uniquement sur les individus ou sur les partis politiques et sur leurs capacités à provoquer du rejet, c’est-à-dire qu’ils ne votent pas POUR mais CONTRE, et le grand bénéficiaire de ce non-choix est bien sûr le FN.

  • papounet04

    J'avais eu l'impression il y a quelques semaines que la France avait de nouveau un sens pour ses habitants en voyant tout ce "bleu blanc rouge", je me suis dit, la France relève la tête et redevient une nation. En voyant le taux d'abstention et le résultat, je me suis trompé, la France revient avant 1789 et fait allégeance à la Dynastie Le Pen. La république est morte, vive le Roi (ou la reine). A part les dépenses inconcidérées, je ne vois pas ce que pourrait penser Louis Dieudonné (XIV) du programme de Marine.

  • ju16

    Le PS est grandement fautif de ce qu'il arrive. Ils on laissé se développer l'extrême-droite. Et Sarkozy est encore pire on dirait que pour lui le PS est le pire ennemi et non le FN.