Allende mon grand-père, par Marcia Tambutti Allende

Allende mon grand-père, par Marcia Tambutti Allende.

Bodega Films

Le titre de ce documentaire dit à la fois tout de la nature de l'entreprise et trompe sur sa véritable identité. Marcia Tambutti Allende est bien la petite fille de Salvadore Allende, socialiste convaincu, président du Chili entre 1970 et 1973, renversé - et suicidé? - par les militaires du général Pinochet.

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Si on entend, dès le générique, la voix de ce grand-père dans l'une de ses nombreuses diatribes politiques, celle-ci va peu à peu s'éteindre et laisser place à celles de sa famille: sa veuve, ses enfants et petits-enfants. Il ne s'agit pas ici du portrait d'un grand homme, mais d'un film qui se construit à l'ombre - et à partir - de sa personnalité.

La question n'est pas tant de savoir qui fut Salvadore Allende que de comprendre comment ses proches vivaient à ses côtés. Quelles cicatrices sa disparition a-t-elle laissées? La réalisatrice cherche des réponses, mais se heurte le plus souvent à un mutisme poli. Sa mère lui conseille d'ailleurs de ne pas fouiller le passé.

Comme dans la plupart des familles, les non-dits protègent des tempêtes. Marcia Tambutti mène donc sa barque à contre-courant et parvient, à force d'obstination, à isoler des regards, à donner toute leur portée aux silences, et révèle peu à peu les drames qui ont construit son identité. Si les photos souvenirs ne bougent pas, le cinéma a le pouvoir d'en révéler leur mouvement intérieur.

Allende avait déjà eu les honneurs d'un documentaire éponyme de Patricio Guzman (2004), couronné d'un European Film Award.

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