Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

Médicaments en vente libre : des prix peu transparents

Les étiquettes varient du simple au triple selon les officines, d’après une étude publiée par l’association Familles rurales.

Par 

Publié le 09 décembre 2015 à 02h28, modifié le 10 décembre 2015 à 10h40

Temps de Lecture 3 min.

Une pharmacienne remplit ses tiroirs à Paris le 22 septembre 2015.

Des pastilles pour la gorge, des gouttes pour les yeux, des sirops pour la toux… Depuis 2008, les médicaments sans ordonnance ont envahi les devantures des pharmacies. Autrefois stockés derrière le comptoir du pharmacien, ceux-ci voyaient leur prix assez peu contrôlé. Désormais, le patient peut comparer les étiquettes et faire jouer la concurrence.

Le jeu peut en valoir la chandelle : selon une enquête publiée mardi 8 décembre par l’association Familles rurales, il existe une grande disparité de prix entre les officines, du simple au triple pour les douze médicaments étudiés. Mais comment savoir qui est le moins cher ? Faute d’un outil collectant les prix en temps réel, la réponse est loin d’être évidente, d’autant que les groupes pharmaceutiques ont intérêt à cultiver l’opacité.

Contrairement au prix des médicaments délivrés sur ordonnance et remboursables, qui est fixe, celui des médicaments non remboursables est libre. En achetant des quantités importantes ou en accordant une exclusivité à une marque, les pharmaciens obtiennent des remises.

Boîte de Strepsils

Prenons l’exemple d’une boîte de Strepsils au citron, vendue en moyenne 5,67 euros selon l’étude de Familles rurales. Le fabricant, Reckitt Benckiser, le propose aux officines au prix catalogue de 5 euros. S’ils n’ont pas d’accord préférentiel et ne passent pas par une centrale d’achat, les pharmaciens l’acquièrent à ce prix-là. Mais l’industriel peut aussi accorder jusqu’à 50 % de remise. Une partie de la différence se retrouve dans la marge du pharmacien, le reste est répercuté sur le prix de vente afin d’attirer le client.

« Les industriels n’ont évidemment aucun intérêt à divulguer les rabais qu’ils accordent aux uns et aux autres. On est dans une telle nébuleuse que personne ne connaît plus le prix plancher », s’énerve Eric Myon, de l’Union nationale des pharmacies de France. « Dans certaines pharmacies, le prix de vente est même inférieur au prix catalogue. Où est la logique ? » s’interroge Gilles Bonnefond, de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine.

S’il a la possibilité théorique de comparer les prix, le patient est le plus souvent tributaire d’une seule pharmacie. Dans ce cas, mieux vaut prendre le temps de regarder les différentes options. « Quand quelqu’un me demande une boîte de Nurofen à 3,20 euros, je lui suggère plutôt la version générique de l’Ibuprofène, à 1,90 euro », souffle un pharmacien.

Un conseil gagnant-gagnant, alors que le prix « catalogue » des marques a flambé entre 2009 et 2015, selon une étude confidentielle réalisée par la société IMS Health, que Le Monde a pu consulter : + 34 % la boîte de 36 comprimés de Lysopaïne (Boehringer), + 26 % la boîte de 24 pastilles Strepsils, + 23 % la boîte 12 comprimés de Nurofenflash (Reckitt) ou encore + 21 % la boîte de 24 pastilles Drill (Pierre Fabre).

Une molécule, deux versions

Afin de mieux maîtriser leur stratégie commerciale, certains laboratoires ont aussi créé deux marques distinctes pour une même molécule, avec une version « sur ordonnance » et une version « sans ordonnance ». Dans le premier cas, elle est remboursable et le prix est fixé par la loi, dans le second cas, le prix peut être plus élevé et l’industriel a le droit d’en faire la publicité auprès des consommateurs. Exemple : le Dacryoserum, une solution ophtalmique bien connue. Sous sa forme remboursable, la dose revient à 15 centimes, contre 17 centimes pour la version non remboursable, commercialisée par le même laboratoire, l’américain Johnson & Johnson, sous le nom de Dacryum.

Le Monde Guides d’achat
Gourdes réutilisables
Les meilleures gourdes pour remplacer les bouteilles jetables
Lire

Changer le statut d’une molécule en demandant son déremboursement est une dernière option. C’est ce qu’a fait Sanofi en 1999 avec son célèbre Maalox, indiqué pour traiter les brûlures d’estomac. Selon l’étude de Familles rurales, il est vendu en moyenne 5,08 euros, alors que sa version générique et remboursable, commercialisée par Ranbaxy (le Xolaam) est vendue 2,68 euros. L’écart est encore plus frappant quand on regarde le prix auquel ces deux médicaments sont cédés aux pharmaciens : 4,41 euros pour le premier, 1,68 pour le second. « Dans les deux cas, je gagne environ 1 euro, souligne Denis Trouillé, qui tient une pharmacie à Camphin-en-Carembault (Nord). De son côté, le fabricant gagne trois fois plus d’argent avec sa molécule repackagée. »

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner

Voir les contributions

Réutiliser ce contenu

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.