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Attente, déceptions, incertitudes : le récap de la COP, jour 10

Nouveau texte, inquiétude des ONG… La conférence sur le climat reste dense, à deux jours de la clôture.

Le Monde

Publié le 09 décembre 2015 à 19h19, modifié le 10 décembre 2015 à 14h20

Temps de Lecture 5 min.

Un nouveau projet d’accord a été dévoilé, mercredi 9 décembre en début d’après-midi, par le président de la COP21, Laurent Fabius. Il fait apparaître des compromis sur certains points. Mais il laisse ouvertes des questions cruciales – différenciation de l’effort entre Nord et Sud, financements, niveau d’ambition global –, sur lesquelles « les choix politiques restent encore à faire ». Les premières réactions des ONG sont empreintes d’inquiétude, mais le marathon des négociations n’est pas terminé.

  • Projet d’accord : « encore pas mal de travail »

« Nous avons progressé, mais il reste encore pas mal de travail. » A deux jours de la clôture de la conférence mondiale sur le climat, Laurent Fabius, le président de la COP21, a présenté, mercredi 9 décembre à 15 heures, une nouvelle version du projet d’accord aux ministres et négociateurs. Un texte qui, a-t-il souligné, présente « une cartographie des progrès réalisés et des points de convergence qui restent à construire ».

Par rapport au document de 48 pages adopté samedi, le texte a été réduit à 29 pages, et trois quarts des crochets – les formulations non tranchées – ont été supprimés. Mais il en reste encore 366, assortis de 47 options. Des compromis ont émergé sur le renforcement de l’adaptation aux impacts du changement climatique, « ce qui va nous permettre de nous concentrer sur la question des pertes et des dommages », a indiqué Laurent Fabius. Ajoutant que les négociateurs étaient aussi « très près de conclure » sur la transparence du suivi des engagements.

La version finale de l’accord est censée être remise à Laurent Fabius dès jeudi. Il faudra ensuite en assurer la traduction et la validation juridique pour adoption le vendredi 11 décembre à 18 heures. Il faudra d’ici là trouver des compromis sur les épineuses questions du financement de la lutte contre le changement climatique, sur le « niveau d’ambition de l’accord » et surtout sur la question de la différenciation des efforts entre pays riches et pays plus pauvres.

Mercredi soir, en assemblée plénière du « comité de Paris », de nombreux pays en développement ont ainsi affirmé avec force leur volonté de ne pas être mis sur le même pied que ceux du Nord, à la fois responsables historiques du réchauffement et disposant de plus de moyens pour y faire face. « Un accord durable ne peut pas être élaboré […] en mettant les pollueurs et les victimes sur le même plan », a lancé Prakash Javadekar, le ministre de l’environnement de l’Inde, un pays clé des négociations.

Le négociateur malaisien Gurdial Singh Nijar, s’exprimant au nom d’une vingtaine de pays en développement, a estimé que le texte remettait en cause le principe datant de 1992 qui prévoit que l’action climatique incombe en priorité aux pays développés. « Si vous essayez de façon directe, indirecte ou par un autre biais » d’abandonner « ce point fondamental (…), nous n’aurons pas d’autre choix que de résister », a-t-il averti.

Le Nord voudrait voir des pays émergents contribuer financièrement, et le Sud réclame que la réduction des émissions n’entrave pas leur développement, ce qui revient à demander une action plus vigoureuse aux pays développés.

Laurent Fabius, le ministre français des affaires étrangères et président de la COP21, a invité les chefs de délégations « à mettre à profit cette nuit pour avancer sur les points politiques ».

Le projet dévoilé mercredi a en tout cas déçu les ONG. Pour Oxfam France, ce texte provisoire marque un « statu quo » sur les grands enjeux. « Il est temps de choisir entre deux visions : se reposer sur la bonne volonté des pays donateurs ou donner des garanties aux pays les plus vulnérables sur la croissance des financements, prévient son porte-parole, Romain Benicchio. La question de l’adaptation est toujours en sursis (…). L’absence de volonté politique significative pour relever l’ambition sur la réduction des émissions après 2020 est tout aussi inquiétante. »

« Si le brouillon n’est pas amélioré, l’accord restera sans vie. Un tel accord est inadmissible pour nous », estime de son côté Célia Gautier, du Réseau Action Climat. « Notre sentiment, c’est que presque tout ce qui est encore nécessaire pour un accord ambitieux et équitable est encore en suspens », renchérit Jennifer Morgan, responsable du climat au World Resources Institute, un think tank américain.

  • Le dessin du jour

Le regard du Cesan sur la COP21.
  • Les Etats-Unis doublent leur aide à l’adaptation des pays du Sud

Discours pugnace et puissant, au Bourget, de John Kerry. Le secrétaire d’Etat américain a annoncé que les Etats-Unis allaient doubler, d’ici à 2020, leur aide financière à l’adaptation des pays du Sud au changement climatique, pour la porter à 860 millions de dollars (783 millions d’euros). « Nous n’allons pas laisser les pays les plus vulnérables affronter seuls la tempête », a-t-il promis. Les pays développés se sont engagés à mobiliser 100 milliards de dollars par an, d’ici à 2020, en faveur des nations en développement frappées par le dérèglement du climat.

« La situation demande que nous ne quittions pas Paris sans un accord mondial sur le climat ambitieux et durable », a exhorté M. Kerry à l’intention des autres nations. Et de lancer : « Ce qui est en jeu, c’est potentiellement la vie elle-même. »

  • Le bonus du jour

Sur une idée de Matthieu Orphelin, porte-parole de la Fondation Nicolas Hulot, voici ce que donnerait, appliqué à des échanges de la vie courante, la formulation à crochets et options du projet d’accord de Paris. Un jeu réalisé par la plateforme de blogueurs, activistes et artistes Place to B.

  • Forte mobilisation des acteurs non étatiques

« Les résultats sont au-delà de toutes nos espérances », s’est félicitée la ministre française de l’écologie, Ségolène Royal, en dressant, en milieu de journée, le bilan du Plan d’Actions Lima-Paris, aussi appelé « agenda de solutions ». Celui-ci répertorie les initiatives et les engagements en faveur du climat pris par les collectivités territoriales, entreprises ou associations.

Le processus, lancé après la conférence climatique de 2014, au Pérou, a permis « une mobilisation sans précédent des acteurs non étatiques », a vanté Mme Royal, énumérant : « Plus de 70 grandes initiatives auxquelles participent plus de 10 000 acteurs de plus de 180 pays ; près de 7 000 engagements concrets (de 2 250 villes, 150 régions, 2 025 entreprises, 424 investisseurs et 235 organisations de la société civile) ; 1,24 milliard de personnes, soit 17 % de la population mondiale, habitant dans les villes et régions engagées ; plusieurs centaines de milliards de dollars réorientés vers une économie bas carbone ; un tiers des 2 000 plus grandes entreprises mondiales engagées pour le climat… »

Parmi les annonces les plus marquantes, la mobilisation de 10 milliards de dollars sur la période 2015-2020, dont 2 milliards apportés par la France, pour l’Initiative africaine sur les énergies renouvelables. Ou encore l’engagement des maires de 700 villes de réduire de 3,7 gigatonnes leurs émissions de CO2 d’ici à 2030, ainsi que d’atteindre 100 % d’énergie verte en 2050.

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