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Sur Facebook, les internautes redécouvrent les 144 morts de Peshawar

Il y a presque un an, un commando taliban s'attaquait à une école au Pakistan. Notre article consacré à cet événement est partagé en cascade sur Facebook, comme si cela venait de se produire.
par Sophie Gindensperger
publié le 9 décembre 2015 à 18h07

C'est un outil sur lequel les rédactions web ont souvent les yeux (un peu trop) rivés : les statistiques de consultation du site en direct. On peut y voir quel article est le plus lu à l'instant T, combien de personnes consultent le site, et quels clics les y ont amenées. Sur ce tableau de bord, certains résultats sont parfois inattendus, surprenants. C'est le cas aujourd'hui, avec une remontée fulgurante de cet article du 16 décembre dernier : le récit terrible et dramatique de l'attaque à Peshawar, au Pakistan, d'une école par un commando taliban. L'attaque avait fait 144 victimes, dont une majorité d'enfants.

Depuis ce matin, cet article figure parmi les plus lus du site. Il n’a pourtant pas été mis en avant par Libération. Cet afflux d’internaute n’a qu’une seule source : Facebook. Comment expliquer l’attrait soudain de cet article?

D’après nos recherches sur le réseau, c’est à l’approche du triste anniversaire des événements que des internautes français ou francophones ont partagé l’article. Mais à l’aune des attentats du 13 novembre dernier en France, la dimension commémorative a disparu, certains internautes prenant la nouvelle comme une nouveauté. On le voit dès le 3 décembre sur ce post.

De cette première méprise naît une indignation : pourquoi, alors que les attentats de Paris ont bénéficié d'une telle couverture médiatique, n'en est-il pas de même pour ces événements? Des articles issus d'autres médias sont d'ailleurs aussi concernés par ce soudain regain d'intérêt, comme Le Parisien.

En l’absence de date immédiatement visible sur les partages (il faut ouvrir l’article et regarder précisément pour découvrir qu’il s’agit d’événements passés), le mouvement prend. Et même quand un commentaire souligne que les faits remontent à près d’un an, cela ne fait pas le poids à côté du titre, dans une étrange forme d’amnésie des violences passées de la part même de ceux qui haranguent aujourd’hui la sphère médiatique.

L’indignation a aussi une autre cible : Facebook et sa célérité à mettre en place le profil «bleu, blanc, rouge», quand d’autres pays n’ont pas fait l’objet d’autant de sollicitude après des attentats.

Parler de la plate-forme elle-même, interpeller Mark Zuckerberg : c’est souvent le plus sûr moyen d’attiser les partages d’un statut. En cherchant le titre de l’article dans les posts publics, celui-ci semble avoir de plus en plus d’occurrences et être repris sur des pages de communautés, sans que l’on puisse pour l’instant repérer si, à un moment, une personne ou une page très influente ont créé un effet boule-de-neige.

Par ailleurs, ces internautes ne sont pas les premiers à critiquer Facebook pour son opération drapeau : dès la mise en place de cette fonctionnalité, certains ont voulu donner la possibilité de marquer son soutien à tous les pays visés par Daech, en superposant tous les drapeaux sur son profil grâce à cette application.

Mise à jour, jeudi 10 décembre : en ajoutant la date de publication en début de texte et plus seulement dans le champ qui lui est habituellement réservé, le trafic venu de Facebook a instantanément reflué.

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