Même quand il ne parle pas, Donald Trump suscite des polémiques. Le feuilleton du jour en Israël a été la confirmation de la visite du magnat dans le pays, le 28 décembre. A cette occasion, il rencontrera le premier ministre, Benyamin Nétanyahou. Celui-ci reçoit très fréquemment des élus américains de rang bien inférieur au sien, notamment des membres du Congrès, républicains et démocrates. Mais les propos récents de Donald Trump sur les musulmans, dont il veut empêcher la venue aux Etats-Unis, donne à cette rencontre une tonalité sulfureuse. Sur Twitter, Donald Trump a précisé en revanche qu’il ne comptait pas se rendre en Jordanie à cette occasion.
Dans l’entourage de M. Nétanyahou, on explique que la rencontre a été décidée il y a déjà deux semaines de cela, avant les déclarations incendiaires du magnat provocateur. M. Nétanyahou serait prêt à rencontrer tout candidat à l’investiture, républicain ou démocrate, qui en ferait la demande. Mais le point le plus sensible de ce voyage est l’hypothèse d’une visite sur l’esplanade des Mosquées (mont du Temple pour les juifs).
Craintes sur le statu quo
Selon le Jerusalem Post, l’équipe de campagne de Donald Trump envisagerait cette idée, qui pourrait pourtant être exclue pour des raisons sécuritaires évidentes. L’esplanade a connu tout au long du mois de septembre des affrontements réguliers entre les forces israéliennes et des émeutiers retranchés dans la mosquée al-Aqsa, troisième lieu saint de l’islam.
Du côté palestinien, on estime que le gouvernement israélien, sous la pression de l’extrême droite, veut remettre en cause le statu quo qui régit l’accès aux lieux depuis des décennies. En vertu de ce statu quo, seuls les musulmans sont autorisés à y prier. Toutes les autres visites sont encadrées et limitées à certains jours et créneaux horaires. La charge émotionnelle et religieuse de l’esplanade est connue de tous. La seconde Intifada avait débuté en 2000 lorsqu’Ariel Sharon, alors leader du Likoud, s’était rendu sur place.
Dans le milieu politique, la visite annoncée de Donald Trump a été très commentée. « Il est embarrassant que Nétanyahou soit prêt à légitimer Trump comme un candidat raisonnable méritant une rencontre avec un chef d’Etat », a réagi Zehava Gal-On, chef du parti Meretz (gauche).
M. Trump n’a pas manifesté l’intention de se rendre à la Knesset, mais il n’aurait pas été accueilli chaleureusement. Une pétition a été lancée parmi les députés pour demander au premier ministre de ne pas rencontrer le magnat. Elle a recueilli pour l’heure 37 signataires sur 120. « Si ça ne dépendait que de moi, a écrit sur Twitter le travailliste Omer Bar-Lev, ce raciste de Donald Trump ne serait pas le bienvenu à la Knesset ». Le député arabe Ahmed Tibi (Liste jointe) a aussi demandé l’interdiction d’entrée au Parlement au « néo-nazi Trump ».
Boycott des produits Trump
Du côté de l’Organisation pour la libération de la Palestine (OLP), on établit un parallèle entre les déclarations incendiaires de Donald Trump au sujet des musulmans et la politique de M. Nétanyahou. « Il est clair que Nétanyahou ne cherche pas la paix, mais le clash des civilisations, en tenant des propos islamophobes et en essayant de transformer un conflit politique en conflit religieux, assure au Monde un cadre de l’OLP. Idéologiquement, ils sont très proches. » L’OLP envisage d’appeler à un boycott du groupe Trump.
Une idée qui a déjà fait son chemin ailleurs. Aux Emirats arabes unis, Landmark Group, un des plus grands groupes de distribution du Moyen-Orient, a annoncé qu’il retirait de ses rayons les produits fabriqués par le conglomérat de Donald Trump. Landmark et DT Home Marks International LLC ont un contrat exclusif depuis février pour vendre les produits de la collection « Trump Home » (miroirs, lampes…) dans leurs magasins au Koweït, aux EAU, en Arabie saoudite et au Qatar.
Voir les contributions
Réutiliser ce contenu