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France: terrorismeLa fiche «S» peut en cacher bien d'autres

Des 10'000 personnes environ fichés «S» en France, certaines ont été condamnées en France pour des faits de terrorisme, depuis notamment les attentats de 1995.

La fiche «S» (pour atteinte à la Sûreté de l'Etat) fait partie depuis 40 ans en France d'un ensemble de fichiers de personnes recherchées pour de multiples motifs. Si environ 20'000 individus sont fichés «S» par l'Etat français, certains vivent hors de France ou sont étrangers.

La fiche «V» concerne par exemple outre-Doubs «les évadés», la fiche «M» «les mineurs en fugue» ou la fiche «AL» «les aliénés». La fiche «S» est subdivisée en plusieurs catégories ou niveaux, qui vont de S1 à S16.

Selon le ministère français de l'Intérieur, ces niveaux ne correspondent pas à la «dangerosité» d'une personne, mais c'est une information concernant les actions à entreprendre par les forces de l'ordre en charge d'un suspect. La fiche S14 correspond depuis peu en France aux djihadistes revenant d'Irak ou de Syrie.

Un hooligan, un altermondialiste ou un activiste d'extrême droite peut se retrouver ainsi fiché en raison de ses activités. Mais la loi française reste vague sur le sujet.

Sont visées par ces fiches, toutes personnes «faisant l'objet de recherches pour prévenir des menaces graves pour la sécurité publique ou la sûreté de l'Etat, dès lors que des informations ou des indices réels ont été recueillis à leur égard». La Direction générale de la sécurité intérieure française (DGSI) alimente quotidiennement ce fichier.

Rôle d'alerte

Grosso modo environ 20'000 personnes sont aujourd'hui signalées «S» en France, selon le premier ministre Manuel Valls. Parmi elles, plus de la moitié sont fichées comme étant des islamistes radicaux ou des individus pouvant avoir un lien avec la mouvance terroriste.

De ces 10'000 personnes environ, certaines ont été condamnées en France pour des faits de terrorisme, depuis notamment les attentats de 1995. D'autres sont considérées comme pouvant se radicaliser ou comme l'étant déjà. Concrètement, la fiche «S» a surtout un rôle d«alerte en cas de contrôle d«identité dans un aéroport par exemple.

Mais être l'objet d'une telle fiche ne signifie pas être surveillé en permanence ou même occasionnellement. «C'est plus souvent un indicateur, une espèce de thermomètre sur lequel il faut veiller en permanence et qu'il faut alimenter pour qu'il soit efficace», indiquait récemment un policier français à l'AFP.

Quelques cas en Suisse

La fiche «S» a été largement évoquée en France à la suite des attaques contre Charlie Hebdo et l'Hyper Casher de Vincennes en janvier à Paris, l'attaque terroriste dans le Thalys entre Amsterdam et Paris en août puis les attentats à Paris du 13 novembre. Dans ces trois cas, plusieurs des acteurs des attaques étaient fichés «S».

En Suisse, elle a été récemment mentionnée. La Mosquée de Genève a été soupçonnée d'héberger deux imams fichés «S». Les autorités françaises ont procédé à des perquisitions fin novembre à leurs domiciles en France voisine. L'enquête suit son cours.

Autre affaire: celle de six ressortissants français renvoyés de Chypre vers l'aéroport de Bâle-Mulhouse parce que trois d'entre eux faisaient l'objet là aussi d'une fiche «S». Selon les autorités chypriotes, ces personnes, bien que signalées, «n'étaient pas considérées comme terroristes».

Vide à combler

Enfin, plus récemment, La Tribune de Genève et 24 Heures révélaient que l'aéroport de Cointrin, à Genève, avait employé jusqu'au printemps deux bagagistes, licenciés depuis lors, qui se sont radicalisés ces derniers mois au point d'être fichés «S» en France.

Le conseiller d'Etat genevois en charge de la sécurité Pierre Maudet regrettait samedi dans La Tribune de Genève «qu'il n'existe pas de base légale pour la transmission des fiches «S» (entre la France et la Suisse) et qu'il comptait sur la Confédération pour combler ce vide.

ats