Djihadisme : la carte des combattants étrangers en Syrie et en Irak

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Djihadisme : la carte des combattants étrangers en Syrie et en Irak

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Entre 27.000 et 31.000 combattants djihadistes venus de 86 pays auraient rejoint les rangs d'organisations en Syrie et en Irak depuis le début de la guerre syrienne en 2011. Voic le point en cartes.

Le troisième kamikaze du Bataclan a été identifié ce matin : Mohammed Aggad, strasbourgeois de 23 ans était parti en Syrie en fin 2013. Au même moment, un rapport de l'organisation The Soufan Group, qui réunit universitaires et anciens du renseignement ou de l'anti-terrorisme, américains et britanniques, publie ses résultats.

Voici la comparaison des résultats entre la première enquête, réalisée par The Soufan Group en juin 2014, et leurs derniers chiffres de décembre 2015. Les bulles violettes représentent les chiffres officiels communiqués par les gouvernement ; les pays en rose sont également concernés par des combattants partis en Syrie et en Irak, mais sans données officiellement transmises.

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Si l'on compare ces chiffres avec ceux de la précédente enquête sur le même sujet et qui date du printemps 2014, il y aurait plus de deux fois plus de djihadistes étrangers se battant en Syrie et en Irak aujourd'hui. Mais le gros du ralliement de ces djihadistes s'est opéré en fait après l'établissement du Califat autoproclamée de l'État Islamique (29 juin 2014), c'est à dire essentiellement durant l'été et l'automne 2014. Trois principaux constats résultent de ces chiffres et estimations :

  • La grande majorité de ces combattants étrangers (de l'ordre de 60%) proviennent des pays du Maghred et du Moyen-orient avec très largement en tête la Tunisie : 6000 combattants, suivie de l'Arabie Saoudite, de la Turquie du Caucase russe et de la Jordanie avec chacun entre 2000 et 2500 djihadistes ;
  • Viennent ensuite les contingents en provenance des pays européens : il y aurait en Syrie et en Irak, dans les rangs de l'État Islamique mais aussi dans ceux d'autres groupes djihadistes comme Jabat al-Nosra, au moins 5000 Européens, provenant essentiellement de quatre pays : la France d'abord, qui fournirait le plus important contingent, au moins 1700 jihadistes ; suivie de l'Angleterre et de l'Allemagne : 760 combattants pour chacun de ces pays, et de la Belgique avec 470 Belges partis faire le djihad ;
  • Enfin, troisième gros pourvoyeurs de djihadistes : les ex-républiques soviétiques caucasiennes et d'Asie centrale avec en tout 4700 combattants. C'est la plus grosse progression en un an et demi, par rapport à l'étude précédente du Soufan Group. Mais il faut dire qu'on partait pratiquement de zéro : au printemps 2014, personne n'était en mesure d'estimer le nombre de ressortissants tchétchènes, ouzbèkes ou tadjiks en Syrie ou en Irak.

Il faut également insister sur le fait que ces données proviennent uniquement des rapports officiels des gouvernements (parfois relativisés dans le rapport par des sources informelles, alors indiquées comme telles dans les infobulles). Or en ces temps de guerre contre le terrorisme, toute déclaration publique est à mettre en perspective selon le contexte politique propre à chaque État, entre surestimations probables des chiffres à des fins de propagande (Russie) et sous-estimations plus ou moins volontaires (Algérie).

Carte de la dernière répartition des combattants étrangers partis en Syrie et en Irak depuis 2011