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« Des conseillers d'UBS faisaient la mule entre la France et la Suisse »

Le témoignage d'un ex-employé de la banque suisse, recueilli par « Le Parisien », décrit un système rodé pour inciter les Français à frauder le fisc.

Le Monde

Publié le 21 janvier 2014 à 10h44, modifié le 21 janvier 2014 à 14h40

Temps de Lecture 3 min.

Le logo de la banque suisse UBS à Zurich.

UBS France a-t-elle servi de tête de pont à sa maison mère suisse pour convaincre des clients français d'ouvrir des comptes non déclarés de l'autre côté des Alpes ? Le témoignage d'un ancien employé suisse de la banque, déposé auprès de la justice et recueilli par Le Parisien-Aujourd'hui en France (édition du mardi 21 janvier), montre que la plus grande des banques helvètes, qui fait depuis 2012 l’objet d'une enquête judiciaire en France, aurait institué un système bien rodé pour inciter les Français à frauder le fisc.

Guillaume Daïeff et Serge Tournaire, les juges financiers parisiens en charge du dossier, soupçonnent l'Union des banques suisses (UBS) d'avoir mis en place un vaste système de démarchage illicite de clients français, les incitant à ouvrir des comptes non déclarés en Suisse dans les années 2000. UBS France et UBS AG, la maison mère suisse, n'ont pour l'instant été mises en examen que, dans le premier cas, pour complicité de démarchage illicite et, dans le second, démarchage illicite.

Selon Le Parisien-Aujourd'hui en France, la justice pourrait désormais mettre en examen UBS France pour blanchiment de fraude fiscale et étendre la responsabilité de cette fraude à UBS AG. Des révélations qui porteraient ainsi un coup d'arrêt aux négociations avec la justice française, discrètement engagées il y a quelques semaines par la maison mère UBS AG (qui a opté pour une procédure de plaider-coupable).

TRAVERSER LES ALPES À SKI, LE CASH SUR LE DOS

« A partir de 2002-2003, notre direction nous a encouragés à travailler de plus en plus avec Paris. Chaque conseiller devait avoir un ou deux contacts en France susceptibles de nous mettre en relation avec de futurs clients », confie celui que le quotidien présente comme un quadragénaire, aujourd'hui retiré du secteur bancaire.

Assurant qu'il s'agissait, sans exception, de comptes non déclarés, l'homme, qui a travaillé dans la gestion de fortune pendant quatorze ans, détaille les mesures de discrétion imposées : n'avoir aucun document portant le logo de la banque - « pas même une carte Visa » -, partir avec un ordinateur vide, récupérer les informations (relevés de comptes, contact clients, numéros de téléphone) sur une plate-forme ultra-sécurisée...

Au moment de la création du compte, « il y avait deux cas de figure », raconte le banquier : « Soit l'argent était déjà caché ailleurs, dans un paradis fiscal par exemple, et le client n'avait qu'à opérer un virement. Soit l'argent avait été déclaré en France et il fallait le sortir en cash, ce qui était plus délicat. »

« Parfois, poursuit-il, le client prenait le risque de venir lui-même en Suisse pour y déposer sa fortune, cash ou lingots. Mais le plus souvent, des conseillers d'UBS faisaient la mule en transportant eux-mêmes ces sommes de l'autre côté des Alpes. Sac sur le dos, certains empruntaient les pistes de ski. »

FOOTBALLEURS ET CRÉATRICES DE MODE

Parmi les PEP (personnes exposées politiquement), l'homme confie avoir croisé des créatrices de mode françaises ainsi que des footballeurs de l'équipe de France championne du monde en 1998. « Le nom d'un ministre, aussi, circulait. Dans le cadre de nos formations, il était même utilisé, sur des documents types, pour illustrer les montages financiers opaques. On nous disait par exemple : Monsieur Untel veut prêter de l'argent à son fils, à partir d'un trust situé aux Bermudes, voilà les étapes à suivre... »

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Motivant sa confession par son dégoût de voir la banque « se défausser sur ses employés », il affirme avoir agi « à la demande de la banque ». Cette dernière dément formellement, tant côté suisse que côté français.

« UBS ne soutient pas d’activités qui visent à contourner les obligations fiscales de ses clients », certifie Yves Kaufmann, porte-parole d'UBS AG. « En ouvrant une filiale en France, l'intention des Suisses était de créer un champion de la banque privée sur ce marché local, insiste Hervé Mercier-Ythier, le directeur général d'UBS France. Certainement pas de rediriger les clients vers un circuit d'évasion fiscale. »

Le Monde

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