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Elections régionales : ce qu’une région aux couleurs du FN changerait pour les lycées

Environ 5 % du budget de l’éducation des régions sont consacrés aux actions éducatives, sur lesquels la marge de manœuvre d’éventuels élus frontistes pourrait s’exercer.

Par , et

Publié le 09 décembre 2015 à 19h26, modifié le 10 décembre 2015 à 18h52

Temps de Lecture 3 min.

Florian Philippot, tête de liste FN en Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine, à Strasbourg, le 9 décembre.

« Imaginez, à la rentrée prochaine, des dizaines de proviseurs de lycée rassemblés autour d’un élu frontiste, tout juste porté à la tête d’une région, à l’occasion de la traditionnelle réunion de septembre ! » La scène fait rire jaune l’ancien recteur Bernard Toulemonde, tant ces deux mondes, celui de l’éducation et celui du Front national (FN), portent des valeurs difficilement conciliables – quoi qu’en dise le collectif Racine, petite tête de pont du FN au sein du milieu enseignant. Ce scénario s’apparentait, jusqu’à il y a peu, à une fiction. Mais la poussée historique du parti d’extrême droite dans six régions, le 6 décembre, le rend plausible. Avec une interrogation : quel effet aurait une victoire du FN au second tour des régionales sur les politiques éducatives ?

Il serait perceptible, tant les régions, chargées des lycées, ont volontairement étendu leurs actions dans ce domaine au fil des années. « Elles sont aujourd’hui chargées de tout ce qui n’est pas la pédagogie », résume-t-on à l’Association des régions de France (ARF). Construction, entretien, équipement des lycées relèvent de leurs compétences obligatoires. S’y ajoutent des politiques facultatives, tels que le soutien à l’enseignement supérieur ou à l’apprentissage, le financement des manuels, des séjours à l’étranger, des aides sociales, des actions d’éducation à la santé, à la citoyenneté…

Autant de domaines où les conflits de valeurs affleurent. Un aperçu en a été donné par candidate frontiste à la région Provence-Alpes-Côte d’Azur : Marion Maréchal-Le Pen a assuré qu’elle refuserait, si elle était élue, de verser des subventions au Planning familial, qui à ses yeux défend « une certaine conception de la famille, que ce soit le mariage homosexuel, la PMA pour les couples homosexuels, la théorie du genre ou encore l’accueil des réfugiés ».

« Principe de réalité »

La ministre de l’éducation a agité le chiffon rouge, lundi, dans une vidéo diffusée sur Le Parisien-TV. Najat Vallaud-Belkacem y évoquait le risque de voir ressurgir les débats sur les menus des cantines et en apparaître d’autres, en particulier sur une « préférence nationale » dans l’accueil de « tel ou tel élève dans les internats ».

Pourrait-on voir des campagnes de prévention contre le racisme ou l’homophobie annulées ? Des manuels censurés au motif qu’ils reprendraient la prétendue théorie du genre ? Des sorties au cinéma proscrites ? Des portiques de détection de métaux à l’entrée des lycées ? « On peut imaginer quelques mesures symboliques pour marquer l’opinion, suggère-t-on à l’ARF. Mais il y a un principe de réalité : près de 95 % du budget éducation des régions vont au fonctionnement matériel des lycées, et il n’y a pas mille façons de les entretenir ! » Reste environ 5 % du budget consacré aux actions éducatives, sur lesquels la marge de manœuvre d’éventuels élus frontistes pourrait s’exercer.

« Débats houleux »

Depuis 2010, on a vu, parmi la centaine d’élus FN dans les conseils régionaux, certains d’entre eux monter au créneau sur les questions d’éducation. Sans que leurs voix, minoritaires, ne pèsent. Dans le Centre, « les élus FN ne votent pas des projets d’ouverture internationale ou d’éducation à la contraception », témoigne François Bonneau (PS), président de la région. Autre exemple, dans le Nord-Pas-de-Calais – qui pourrait basculer –, l’actuelle majorité de gauche a fait l’expérience de votes « contre » des 18 élus frontistes, concernant des actions de coopération internationale, la culture, la citoyenneté, l’éducation populaire…

Dans les conseils d’administration des lycées, les élus régionaux ont aussi leur place – deux sièges sur trente, précise Philippe Tournier, du syndicat des chefs d’établissement SNPDEN. Mais pas d’élus FN jusqu’à présent, à la connaissance de l’ARF : « Si une région basculait, la question se poserait pour la première fois, et on pourrait craindre alors des débats houleux. »

Il faut dire qu’on trouve dans le programme éducatif du FN de quoi nourrir les passions : le bannissement du tutoiement y côtoie la fin du collège unique ou la « tolérance zéro » en matière d’insécurité.

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