Partager
Politique

Sarkozy, FN : Hollande à la manoeuvre... avec une grosse dose de cynisme

Face à la progression du FN qui détruit la droite républicaine et impose à Mélenchon et aux Verts de se contenir, le chef de l’Etat entend incarner consensus, apaisement et modération. Un Sens affûté de la politique, non sans un soupçon de perversité…
3 réactions
François Hollande
Francois Hollande lors d'une conférence de presse à l'Elysée, le 10 novembre 2015
Francois Mori/AP/SIPA

De la situation politique française, de la foudroyante progression de l'extrême droite, de la quasi disparition de la gauche et du Parti Socialiste dans ses fiefs historiques, le Nord et les Bouches-du-Rhône, Lille, la ville de Pierre Mauroy, Marseille, celle de Gaston Defferre, de la déchirure qui s'annonce au sein de la droite républicaine où chacun pressent que, dans quelques jours, l'affrontement sera sauvage entre Nicolas Sarkozy, Alain Juppé et François Fillon, le président de la République a décidé de ne rien dire aux Français. La semaine prochaine, après le second tour des élections régionales et quels qu'en soient les résultats, il a d'ailleurs prévu de s'en tenir à cette posture. "Le président, indique-t-on à l'Élysée, a l'intention de rester à sa place".

Sa place? Certainement pas au premier rang d'une gauche qui subira à coup sûr en cette fin de semaine un nouveau revers électoral même si elle s'en sort au mieux ; cette place-là, par définition la plus périlleuse, revient en Ve République au "chef de la majorité", le Premier ministre Manuel Valls. La place de François Hollande, donc? Dans le désordre, chef de guerre, père de la nation, président de tous les Français, protecteur de la planète grâce à la Cop 21. Bref, rien qui puisse, d'une manière ou d'une autre, ramener son auguste personne à cette boucherie politique et électorale qui oppose Manuel Valls, Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen. Pour le président, il sera opportun de l’évoquer, indique encore son entourage, à l'occasion des vœux aux Français, le 31 décembre. "Il parlera, nous fait-on déjà savoir, d'unité nationale et de rassemblement contre ceux qui veulent abîmer la nation". Sont à l'évidence visés le président de LR (Les Républicains) et la chef du FN.

Le président du bloc central

Quiconque s'intéresse un tant soit peu à la politique ne peut croire, ne serait-ce qu'un instant, à cette fable racontant François Hollande dédaignant la grande passion de sa vie, la politique. Le duo Valls-Cambadélis, à la manœuvre et sur le devant de la scène, n'a évidemment pas pris une initiative sans l'avoir préalablement élaboré avec le chef de l'Etat. Hollande le premier avait saisi l'intérêt politique, stratégique et moral du retrait sans négociation ni condition si jamais la liste socialiste n'arrivait qu'en troisième position à l'issue du premier tour. En prenant soin de se tenir au plus loin de la politique électorale, le président veut être celui qui incarne le mieux cette "exemplarité républicaine" que chacun, à sa manière, revendique. Manière indirecte, par conséquent habile, d'enfermer tant et plus Nicolas Sarkozy dans sa dérive droitière, de le laisser surenchérir sur Marine Le Pen jour après jour jusqu'au second tour. Le président de la modération. Le président du bloc central. Le seul capable, le jour venu, en mai 2017, de rassembler la France de la raison, tous ces citoyens - et ils sont encore majoritaires dans ce pays - qui n'entendent céder ni à la droite ultra version Sarkozy ni à l'extrême droite façon Marine Le Pen. Consensus-apaisement-modération: en s'appuyant sur ce triptyque, François Hollande s'est convaincu qu'il sera propulsé au second tour de l'élection présidentielle face à Marine Le Pen et ne pourra que triompher.

Une dose de cynisme

Le postulat n'est pas absurde, loin de là. Il dénote un sens aigu de la politique;  et une sacrée dose de ... perversité.

Dans les colonnes du Monde, notre confrère David Revault d'Allones reproche à François Hollande d'élaborer et de mettre en place la "stratégie du pire". Pas faux. Le président part en effet d'un constat, d'une manœuvre l'un et l'autre appuyés sur une sacrée dose de cynisme. Le constat? Jamais dans la longue histoire de la Ve République, la gauche n'a été aussi mal en point, hormis l'élection présidentielle de 1969 où le tandem Mendès France-Defferre avait été laminé.

La manœuvre? Activer par tous les moyens possibles la désintégration politique et idéologique de LR (Les Républicains) afin que ses principaux leaders - Sarkozy, Juppé, Fillon - se désintègrent mutuellement. Dans cet exercice, Hollande peut d'ailleurs miser sur un allié "objectif" de choix en la personne de ... Nicolas Sarkozy lequel fait en effet de son mieux

La part de cynisme? Si son opposition au Front National n'a rien de feinte, la progression arithmétique du parti d'extrême droite ne le dérange pas non plus car elle détruit la droite républicaine. Elle brise aussi le Parti socialiste et la gauche de gauche. Mais, sur ce terrain, Hollande est persuadé qu'il détient à la fois la clef et le pouvoir. Le danger Le Pen est tel que Mélenchon et les Verts sont désormais contraints si ce n'est de bien se conduire, du moins de se contenir, d’y mettre désormais les formes. Le président n'a pas perdu et ne perdra jamais le goût de la tambouille politique.

 

3 réactions 3 réactions

Centre de préférence
de vos alertes infos

Vos préférences ont bien été enregistrées.

Si vous souhaitez modifier vos centres d'intérêt, vous pouvez à tout moment cliquer sur le lien Notifications, présent en pied de toutes les pages du site.

Vous vous êtes inscrit pour recevoir l’actualité en direct, qu’est-ce qui vous intéresse?

Je souhaite TOUT savoir de l’actualité et je veux recevoir chaque alerte

Je souhaite recevoir uniquement les alertes infos parmi les thématiques suivantes :

Entreprise
Politique
Économie
Automobile
Monde
Je ne souhaite plus recevoir de notifications