La Pologne empêche l’UE d’intégrer la décarbonisation à l’accord COP21

Le 10 décembre, l'UE a été nommée « Fossil of the Day » par les ONG.

La Pologne aurait bloqué une demande de l’UE pour intégrer la décarbonisation dans la dernière version de l’accord divulguée le 10 novembre au soir, ce qui a valu à l’UE le titre peu honorifique de « Fossil of the Day » (fossile du jour) de la part des ONG.

Alors que les négociations se poursuivent à la Conférence de l’ONU sur le changement climatique (COP 21) à Paris, la dernière version de l’accord a mis en lumière des divisions entre les États membres de l’UE sur certaines formulations clés.

L’Union européenne a réussi à obtenir le soutien de tous ses États membres pour limiter le réchauffement de la planète à 1,5 % au-dessus du niveau préindustriel. Un objectif qui n’était pas à l’ordre du jour avant l’ouverture de la COP 21.

Mercredi, les États-Unis, l’UE et d’autres pays de la coalition des « ambitieux », comme la Norvège ou le Mexique, ont déclaré soutenir l’objectif. Celui-ci devrait être intégré à l’accord final, mais plutôt en tant que but ultime pour l’avenir qu’en tant qu’objectif contraignant.

La dernière version de l’accord fait référence à l’objectif de 1,5°C entre crochets, indiquant ainsi que la question est encore en cours de discussion.

>> Lire : Washington se rallie à l’objectif minimum de 1,5°C à la COP21

Position de la Pologne sur la décarbonisation

Un autre objectif ambitieux n’a cependant pas obtenu le soutien de tous les États membres.

Certains ont pris peur face au mot « décarbonisation », qui aurait pu être inclus dans le texte. La décarbonisation signifie se diriger vers un modèle économique sans aucune émission de gaz à effet de serre, ce qui implique un passage rapide à 100% d’énergies renouvelables et l’arrêt de l’exploitation des énergies fossiles. 

Selon certaines sources, la Pologne a opposé son veto à cette idée, le pays étant toujours fortement dépendant du charbon pour sa production d’électricité.

>> Lire : Jerzy Buzek: «La Pologne devrait dépendre du charbon qu’elle a en abondance»

Interrogé par EURACTIV sur la position de la Pologne, le commissaire en charge de l’action pour le climat, Miguel Arias Cañete, a répondu : « nous avons reçu un mandat des États membres pour tracer un chemin vers la neutralité carbone et non vers la décarbonisation ». La notion de neutralité carbone n’implique pas l’arrêt des émissions de CO2, mais leur réduction et leur compensation au travers de projets favorisant le captage et le stokage de CO2 (reforestation, etc). 

Ainsi, toutes les références à la décarbonisation ont été supprimées de la dernière version de l’accord qui a circulé le jeudi 10 décembre, pour être remplacées par « neutralité des émissions de gaz à effet de serre ».

Une source proche de l’UE a cherché à minimiser l’importance des divisions entre États membres en déclarant que la Pologne avait été très utile sur d’autres sujets.

Le fameux Groupe Parapluie, qui regroupe le Canada, la Russie et le Kazakhstan, a également reçu un Fossil Award et tente de s’opposer à un accord trop ambitieux aux côtés de l’Autralie, le Japon et d’autres pays peu motivés.

« L’UE a de grandes difficultés pour négocier puisqu’elle n’a pas grand-chose à offrir. La position de l’UE est un accord entre 28 pays, elle ne peut donc pas changer facilement. Nous sommes les seuls à faire face à cette contrainte », a déclaré Ian Duncan, eurodéputé responsable de la réforme du système européen d’échange de quotas d’émissions.

Inscrivez-vous à notre newsletter

S'inscrire