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Mais que fait-elle à la COP ?

COP21 : «80% de la biodiversité se trouve dans les territoires indigènes»

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La Philippine Vicky Tauli-Corpuz est rapporteure spéciale auprès des Nations unies sur les droits des peuples autochtones.
par Laurence Defranoux
publié le 11 décembre 2015 à 17h59

Défenseure des droits humains, activiste depuis les années 70, féministe, la Philippine Vicky Tauli-Corpuz se bat depuis des décennies pour la reconnaissance des droits des peuples autochtones. Agée de 63 ans, elle appartient à la communauté montagnarde des Kankana-ey Igorot, et explique pourquoi les communautés locales sont un rempart contre le changement climatique.

«Je suis une experte indépendante chargée par les Nations unies d’enquêter sur la défense des droits des peuples indigènes. Je conseille aussi les populations, et j’aide les gouvernements à se mettre en accord avec les lois.

«On entend par "peuples indigènes" ou "autochtones" des gens qui vivent sur leurs terres ancestrales sans avoir été colonisés ou assimilés. Ils suivent leurs propres lois, partagent une culture commune et souvent une langue. Pour résumer, on peut dire qu’ils sont "à l’extérieur du système". Cela regroupe environ 400 millions de personnes, dont 200 millions en Asie, et 50 millions en Inde.

«Si nous ne représentons que 6% de la population mondiale, la plupart des forêts primaires et 80% de la biodiversité se trouvent sur nos territoires. Dans le monde, 513 millions d'hectares de forêts sont gérés par des communautés locales [1/8e de la forêt mondiale, ndlr]. Or, dans ces arbres sont stockées 37,8 milliards de tonnes de carbone, soit 11 fois ce qu'émet l'industrie du transport dans le monde. En se battant pour protéger leur environnement, les autochtones empêchent aussi que tout ce carbone soit relâché dans l'atmosphère.

«C’est devenu un mouvement planétaire»

«Les décisions qui nous concernent n’ont pas à être prises sans que nous soyons consultés. Même si des mécanismes de protection de l’environnement sont mis en place par les gouvernements, il vaut toujours mieux laisser les populations autochtones s’occuper elles-mêmes de la préservation de leurs territoires comme elles le font depuis toujours, et surtout arrêter de les criminaliser quand elles se battent contre la construction de barrages hydroélectriques ou l’exploitation des sous-sols.

«C'est très important d'être réunis à la COP. Nous sommes solidaires, et nous parlons d'une seule voix. Le mouvement indigène est devenu planétaire. Dans le texte de l'accord, il est désormais fait référence aux droits des peuples indigènes, à l'importance de leur expertise en termes d'adaptation et de réduction des changements climatiques. Hélas, il n'est pas vraiment mentionné de moyens d'action et de décision. Et surtout, il n'est pas écrit que la cible est de rester en deçà de 1,5°C de réchauffement, mais "2° ou moins". Ce qui n'est vraiment pas un objectif ambitieux.»

[Que fait-il à la COP ?] Paul Watson : «Les océans sont les parents pauvres de la COP» 

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