Arabie Saoudite : premières élections ouvertes aux femmes

 

Arabie Saoudite : premières élections ouvertes aux femmes

    Un moment historique. Pour la première fois depuis la création du royaume d'Arabie Saoudite, en 1932, les femmes votent et peuvent être élues ce samedi. Un droit qui leur avait été accordé en 2011 sous le règne du roi Abdallah (2005-2015), prédécesseur de Salmane. Les bureaux de vote ont ouvert à 8 heures locales (6 heures en France).

    L'Arabie saoudite était le dernier pays au monde à dénier le droit de vote à ses citoyennes. Candidates et électrices vont tenter d'envoyer un message fort et clair vers l'égalité des sexes dans ce royaume ultra-conservateur régi par une version rigoriste de l'islam, où il leur est toujours interdit de conduire, ou de voyager et travailler sans l'accord d'un homme, et où l'on pratique encore la peine de mort.

    Quelque 6 000 hommes et 900 femmes se sont portés candidats à un siège dans les 284 conseils municipaux, les seules assemblées à être composées de représentants élus mais aux pouvoirs limités. La campagne n'a pas été évidente : non seulement des obstacles bureaucratiques ont retardé voire empêché la candidature de certaines femmes, mais la mixité étant interdite dans les lieux publics, les candidates n'ont pu que rencontrer d'autres femmes. Et aucune photographie de femme ne peut être publiée.

    119 000 femmes se sont inscrites sur une liste électorale (fin novembre, le chiffre officiel était de 130 600). Le manque d'information, ajouté à l'interdiction de conduire, a compliqué l'accès aux listes électorales.

    Avec un corps électoral de 1,5 millions de personnes (sur 30 millions d'habitants environ), peu de Saoudiennes s'attendent à être élues. Certaines pourraient quand même entrer dans les conseils municipaux en y étant nommées par le pouvoir, puisqu'un tiers des sièges sera pourvu par désignation.

    Pour certaines, le simple fait d'avoir fait campagne est déjà une victoire en soi. « Pour vous dire la vérité, je ne me présente pas pour gagner », a confié à l'AFP Badreldin al-Sawari, une pédiatre du centre de Riyad. Aljazi al-Hossaini, une consultante de 57 ans, a elle mené campagne principalement sur internet et son programme publié sur son site a pu être consulté par les deux sexes. « J'ai fait de mon mieux, tout par moi-même. (...) Je suis fière de l'avoir fait », a-t-elle assuré.

    Quelques heures avant l'ouverture du scrutin, des femmes ont confié à Al Jazeera leur bonheur de participer à un moment historique, avec l'espoir que la société dans son ensemble bénéficierait d'une plus grande diversité dans la conduite des affaires publiques. «Ici, les femmes sont médecins, ingénieurs, ce n'est pas comme si elles n'existaient pas », a confié Lama al-Sulaiman, candidate à Djeddah.

    Certaines femmes, ce samedi matin, n'ont pas hésité à témoigner leur joie sur Twitter.