Gérard Collomb à Lyon le 21 janvier 2014.

Le sénateur-maire PS de Lyon, Gérard Collomb, qui brigue sa succession en mars, n'a de cesse de se démarquer de son parti auprès de ses administrés.

afp.com/Jeff Pachoud

Depuis des semaines, la constitution des équipes de Gérard Collomb amusait les observateurs. "Il prépare la liste la plus à droite qu'ait jamais connu Lyon.", se gaussait récemment un grand élu centriste. Un autre cacique, lui socialiste, se demandait "s'il y aura encore des camarades dessus". S'agissant des têtes de liste aux prochaines élections municipales, dévoilées ce mardi par le maire sortant, la réponse est oui: sur neuf arrondissements, les socialistes en obtiennent cinq, au côté d'un centristes et de trois femmes non engagées. "C'est une liste de rassemblement", prône l'auto-proclamé "social-réformiste", qui pas plus qu'en 2008, ne fera figurer le poing et la rose sur ses documents de campagne.

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"Le collombisme n'est pas soluble dans le hollandisme", confie le sénateur, qui n'a de cesse de se démarquer de son parti auprès de ses administrés. Une posture que lui reproche son opposant UMP: Michel Havard compte bien lui recoller sur le dos l'étiquette qu'il cache sous sa veste car, "à Paris, il vote les propositions socialistes".

Le premier édile, mis sur orbite par Raymond Barre face à Charles Millon, avait gagné en 2001 et 2008 avec un large soutien de l'électorat centriste, qui fait les alternances dans la capitale des Gaules, toujours modérée. Mais en 2014, "il se droitise encore plus", estime Pierre Hémon, adjoint EELV. Son mouvement fait cette fois liste séparée au premier tour, comme l'ancienne protégée du maire, Nathalie Perrin-Gilbert, associée au Front de Gauche. Il n'y a plus de contrepoids, malgré quelques élus communistes et écolos restés fidèles au patron. Ils occupent d'ailleurs des places qui vont manquer au PRG. Le député radical Thierry Braillard avait rompu les discussions ce week-end mais il devra sûrement se contenter d'une place de second couteau pour lui, et de figuration pour ses amis.

Gérard Collomb a pris un sérieux virage avec une ancienne millonniste et avec Fouziya Bouzerda: malgré l'union de la droite, cette figure montante de l'UDI l'a rejoint en échange d'une meilleure place que celle que lui proposait le challenger. Thomas Rudigoz, pris au MoDem en 2008, a, quant à lui, mission de défendre le 5e arrondissement contre Michel Havard, candidat dans ce secteur jugé "prenable". Il affirme sans rougir que "Gérard Collomb est aujourd'hui le meilleur représentant du centre".

A Lyon, "il faut savoir dépasser les clivages droite-gauche"

Le coup de volant à droite dans le 5 a laissé des socialistes sur le bord de la route. Le secrétaire de la section, Jamel Chergui, a démissionné "écoeuré": "On nous a imposé sans aucune transparence des gens qui n'ont ni notoriété dans le 5 ni des convictions de gauche, après avoir écarté plusieurs camarades."

Les socialistes semblent sacrifiés sur l'autel de l'ouverture. Ainsi Zorah Ait-Maten, première adjointe du 7, farouchement candidate, et déçue au point d'en pleurer: elle ne sera ni maire, ni tête de liste, place réservée à l'ancienne bâtonnière du barreau de Lyon, Myriam Picot. Deux autres femmes-surprises de la société civile ont été projetées en tête d'affiche pour "incarner le renouvellement". Alors qu'aucune des trois n'est pressentie pour être maire de son arrondissement, rien ne garantit qu'un socialiste héritera du job, bien au contraire : le 6 est ancré à droite, et les deux autres semblent promis à des élus de la gauche du PS restés loyaux.

Municipales: "Ce n'est pas mal parti", selon Gérard Collomb

L'arrivée dans le camp Collomb d'un proche du cardinal Barbarin, Jean-Dominique Durand, président de la très pieuse Fondation Fourvière jusqu'en novembre, a jeté le trouble chez les partisans du mariage pour tous. "Il n'a jamais pris position contre", relativise Nicolas Verviliet, trésorier national de Homosexualité & Socialisme, colistier "collombiste" dans le 1. L'universitaire, qui fut président du comité de soutien à Raymond Barre, était autrefois au CDS, où il a du côtoyer un certain Michel Havard, encore étudiant... "Il faut savoir dépasser les clivages droite-gauche dans cette ville", justifie Thierry Philip, maire sortant candidat à sa succession dans le 3.

Tandis que Gérard Collomb lorgne sans vergogne vers le centre-droit, Michel Havard, allié officiel de l'UDI, espère le doubler sur le fil en profitant de l'abstention d'"une partie de sa gauche, exaspérée qu'il n'ose même plus se dire socialiste". "Ce n'est pas mal parti", confie le maire, favori dans les sondages. Un peu fébrile quand même: il a exfiltré le président du groupe socialiste à la mairie, élu du 5, dans un arrondissement moins risqué.

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